« Rouvrons les camps comme en 1940 ! » – Tout peut s’écrire sur la Page Facebook de Christian Estrosi

  

Récemment, SOS racisme 06 et d’autres associations ont déposé plainte contre Christian Estrosi au motif d’incitation à la haine raciale. Certains d’entre vous ont pu se dire, encore ces militants des droits de l’homme. D’autres, totalement sincères ont pu se dire, déposer plainte pour une parole malheureuse, c’est éxagéré. Sauf que Christian Estrosi n’est pas n’importe qui, il a été trois fois ministre, c’est l’un des leaders de l’UMP les plus médiatisés. Sa parole publique porte et les internautes se croient tout permis sur sa page. C’est en cela que je l’ai récemment qualifié « d’incendiaire du débat public ». Et cette escalade doit s’arrêter !

Le samedi 3 août 2013 Christian Estrosi publie sur sa page Facebook quatre photos prises lors de l’évacuation du squat de Las Planas à Nice, accompagnées d’un texte expliquant son action.

236 commentaires ont été publiés à ce jour par les internautes suite à cette publication, dont une grande partie à caractère raciste, xénophobe ou haineux.

Entre ceux qui insultent le ministre de l’intérieur ou le président de la République, ceux qui s’insultent entre eux avec une grossièreté extrême et ceux qui insultent les Roms, la page facebook du député maire de Nice est devenue un déversoir de haine et d’immondices.

Les captures d’écrans réalisées le 6 août 2013 en constituent quelques exemples, jugez par vous-mêmes :

  

 

« Virer » les Roms au « lance flamme », « virer toute cette merde hors de nos frontières » ou « rouvrons les camps de concentrations comme en 1940 »… comment un élu républicain peut-il tolérer de tels propos ?

Il est bien évident que ces déclarations ne sont pas celles du maire de Nice. Et, si toute personne créant une page facebook est moralement responsable des propos qui y sont tenus et des débats qui s’y développent, je laisse aux juristes les épineuses controverses sur de responsabilités légales de chacun sur l’espace public qu’elle constitue. Je note toutefois que l’internaute proposant de « virer » les Roms « au lance flamme » avait déjà tenu des propos similaires sur la page du maire de Nice il y a quelques semaines et qu’il n’a pas été supprimé par ce dernier. Je note également que les propos racistes tenus samedi sont toujours présents et visibles par tous cinq jours plus tard.

Mais, ce qui est ici est bien plus important, c’est ce que nous révèle ce déchainement de haine.

Nous sommes tous Républicains, soucieux de l’application de la loi, par tous, de la même manière et je me félicite de l’action des forces de l’ordre qui font respecter la loi.

Les Roms et les Gens du voyage ne doivent faire l’objet ni de laxisme, ni d’une stigmatisation ou d’un acharnement quelconque. La loi, rien que la loi mais toute la loi, identique pour tous et pour toutes.

Par contre la surenchère verbale entre Jean-Marie Le Pen, Christian Estrosi ou Gilles Bourdouleix dépasse le cadre républicain de l’action d’élus locaux ou nationaux et j’appelle tous les élus, de quelques bords politiques qu’ils soient, à ne pas céder aux sirènes du populisme facile parce que des élections approchent.

Plusieurs plaintes ont été déposées contre Christian Estrosi pour incitation à la haine raciale et je laisse la justice faire son travail. Pour autant, et sans préjuger de la décision du juge, je constate que son discours suscite sur Facebook un déversement de haine inacceptable. Sa page fournit une tribune.  Cela donne à voir ce que pensent certains soutiens du maire de Nice et. Cela donne à voir ce que peut devenir le débat public à Nice, avec quelle vitesse et dans quelles proportions il peut se dégrader. Cela donne à voir, enfin, comment le vivre ensemble peut être mis en péril par celui-là même qui devait le faire respecter et en être le garant.

Je demande à Christian Estrosi de cesser d’entretenir et d’alimenter le ressentiment à l’égard d’une partie de la population. Je lui demande de se comporter enfin en élu républicain et de cesser tout discours populiste.

Les mots ne sont pas que des mots, ils peuvent avoir des conséquences graves. Et j’espère sincèrement que les débordements auxquels nous assistons suite à l’action du maire de Nice resteront uniquement verbaux.

Manuel Valls avait déclaré à l’Assemblée Nationale que les propos du maire de Nice faisait « mal à la France ». J’ai mal pour la France mais en tant que niçois, j’ai avant tout mal pour Nice.