Communauté asiatique : Ne pas confondre droit à la sécurité et racisme

2016-09-06-Manif chinoise

Que la communauté asiatique, dans la vague de xénophobie actuelle, se trouve emportée relève d’une logique morbide et il faut être extrêmement vigilant. Mais l’assassinat d’un couturier de 49 ans, agressé au début du mois d’août à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) par trois hommes voulant voler le sac d’un de ses amis, lui aussi d’origine chinoise, doit il être considéré comme un acte raciste ? Le mobile est-il raciste ou s’agit-il d’un fait divers crapuleux, oeuvre de délinquants ?

A priori, la communauté chinoise a elle-même répondu à cette question. « Les thèmes sécuritaires de cette manifestation étaient des revendications de longue date pour nous, précise Wang Rui, président des Jeunes Chinois de France, membre du collectif Stop à la violence, sécurité pour tous, à l’origine de la manifestation. Ça fait longtemps qu’on demande que la police soit plus présente dans nos quartiers et la mise en place de la vidéosurveillance. » Il n’y a là-dedans aucune dimension raciste. A la limite, s’il y a une discrimination qui est sous entendue, c’est que la police protégerait moins les quartiers chinois. le thème serait le droit à une sécurité égale pour tous. d’ailleurs, tous les grands quotidiens nationaux, le Monde, Le Figaro, Le Parisien, parlent de droit à la sécurité et c’est bien Bernard Caseneuve, notre ministre de l’Intérieur, qui se rendra demain, à Aubervilliers, annoncer des renforts de police et un effort sur la vidéo surveillance.

Compliqué de transformer ça en manifestation antiraciste. Pourtant contrairement à ce que certains se sont empressés de dire ou d’écrire, SOS Racisme, le MRAP et la LICRA avaient bien appelé à manifester entre la place de la République et celle de la Bastille dimanche. Il n’y a pas d’antiracisme sélectif comme j’ai pu le lire. Mais le collectif d’associations de la communauté chinoise qui appelait à manifester, ne souhaitait pas qu’il y ait des drapeaux autres que les leurs. Cela a été très explicitement précisé.Le président de SOS racisme, Dominique Sopo, était d’ailleurs présent à la manifestation parisienne, tout comme le président de la LICRA.

Alain Jakubowicz, Président de la LICRA, a d’ailleurs regretté que les prises de paroles aient eu lieu en chinois, ce qui montre qu’une communauté peut très bien respecter les lois et les valeurs républicaines sans pour autant être mieux intégrée que d’autres communautés qui s’expriment publiquement en français et gardent leur langue d’origine notamment pour les offices religieux.

Nous avons suffisamment de problème de cohésion nationale sans aller, en plus, en gonfler artificiellement certains. De ce point de vue, le collectif refuse de dénoncer un racisme anti-Asiatiques. « Nous ne subissons pas le même type de violence que dans le racisme antimusulman ou antisémite, a précisé leur porte parole.