Fillon : Une jubilation de court terme !

C’est un véritable séisme politique qui s’est produit hier soir. Les Français de droite ont infligé un désaveu cinglant à Nicolas Sarkozy, qui, cette fois, se retirera pour de bon de la vie politique française et rendra enfin des comptes à la justice de notre pays. Ce n’est qu’une demi-surprise. personne ne voyait Sarkozy gagner cette primaire, mais peu le voyait sorti au premier tour.

Ils ont renvoyé aussi Juppé à Bordeaux, car personne ne voit Juppé pouvoir l’emporter au second tour. Et ça, c’est déjà une surprise plus grande, compte tenu des intentions de vote exprimées depuis des semaines qui voyaient Juppé l’emporter facilement.

Non, le séisme politique c’est la performance de François Fillon et surtout l’incroyable renversement de situation, sa violence et sa rapidité, qui en font un fait sans précédent dans la vie politique française.

Crédité de 12 % d’intentions de vote au début novembre, il a tout d’un coup décroché Bruno Lemaire avec lequel il végétait, loin des deux premiers et amorcé une remontée sans comparaison possible.

Personne n’a jamais gagné 32 % d’intentions de vote en 20 jours dans une élection.

C’est indéniablement la conjonction de plusieurs facteurs. Les analystes auront l’occasion de revenir dessus. Il faut tout de même lui reconnaître l’habileté d’avoir réussi à faire oublier qu’il a été le Premier Ministre unique de Nicolas Sarkozy. C’est lui qui a mis en œuvre cette politique désastreuse qui a conduit le pays dans l’état de tension où il s’est trouvé en 2012.

C’est surtout lui qui, au soir de la défaite de 2012, avait expliqué que si Sarkozy avait perdu, c’est parce qu’il n’avait pas été assez à droite sur les questions économiques et sociales.

C’est pour lui qu’une partie des militants de gauche est allé voter hier. Ce matin, il y a chez eux une certaine jubilation parce que le tout sauf Sarkozy a tout emporté sur son passage. Et j’ai croisé des gens sincèrement heureux. Ce retraité qui m’a dit : »Cette fois on s’en est définitivement débarrassé ! » au café. Pour beaucoup c’était l’unique objectif et tous les moyens étaient bons.

Une partie ne s’est même pas intéressée au programme de Fillon mais s’est dit voilà, on se débarrasse de Sarkozy et en même temps on s’évite Juppé. En tout cas, il faut être clair. Personne ne pourra dire qu’il n’a pas été prévenu. François Fillon a joué pendant toute la campagne la carte du sérieux et de la constance. Semaine après semaine, l’ancien Premier ministre a martelé son programme « choc ». Suppression de la durée légale du temps de travail, retraite à 65 ans, refonte du Code du travail, suppression de 500 000 emplois dans la fonction publique (oui 500 000), 40 milliards d’allègements de charges pour les entreprises, disparition de l’ISF, allocations chômage dégressives… La cure d’austérité du candidat Fillon a le mérite de la clarté.

Face à cela, la gauche a un impératif de victoire. Elle doit se choisir un candidat unique. Il ne reste plus qu’une inconnue : le choix de François Hollande. Dès que ce choix sera connu, il faudra appeler Macron et Mélenchon à participer à cette primaire qui ne doit pas être celle de la Belle Alliance Populaire mais celle de toute la gauche. Ce sera le seul moyen de battre cette droite ultra réactionnaire et ultra libérale. Ceux ou celui qui refusera d’y participer sera à jamais disqualifié pour les forces de progrès de notre pays car ce sera la cause de notre défaite.