Nice Matin a rendu compte d’un voyage d’étude organisé à Lyon par la Métropole Nice Côte D’azur . L’enjeu était de prendre exemple sur un tunnel réalisé à Lyon pour montrer qu’un souterrain pouvait être réalisé, à Nice, sans danger.
Cette comparaison appelle des commentaires précis qui réfutent les conclusions de Christian Estrosi , Maire de Nice et Président de de la Métropole.
1°/ une comparaison technique malhonnête et inacceptable
Tout d’abord , le tunnel réalisé à Lyon n’est pas un tronçon d’un soi disant « tramway », mais la prolongation d’une ligne de métro existante (la ligne B) pour relier la station du stade Gerland à la Gare SNCF d’Oullins, futur gare multimodale.
- un tranchée couverte dans le parc Gerland sur environ 350 m (c’est facile et pas cher)
- un tunnel monotube à pression de boue , à 20 m de profondeur, du Rhône à la Gare d’Oullins, soit environ 1,8, km
- le Rhône
- l’autoroute nationale A7 (2 x 3 voies)
- un petit quartier d’habitation très dense, composé de petites voiries
- des voies ferrés existantes
- une gare existante .
Le franchissement du Rhône , de l’Autoroute A7, du quartier d’habitation dense et des voix SNCF rendait impossible un tracé en surface, sauf à imaginer une monstrueuse infrastructure aérienne, à plusieurs mètres de hauteur, défigurant tout le paysage.
La partie du tunnel sous les habitations d’Oullins mesure à peine 300 mètres. Il est parallèle au sens d’écoulement des eaux souterrains vers le Rhône et il a été réalisé dans du granit qui comme chacun sait ne s’effondre pas !
A Nice, les contraintes techniques sont très différentes pour ne pas dire opposées : Le souterrain sera réalisé sous des habitations sur la totalité de sa distance (3,2 km). IL est perpendiculaire aux sens d’écoulement des eaux vers la Mer et n’est pas réalisé dans du granit,mais dans le sous sol niçois moelleux.
La comparaison entre les risques à Lyon et Nice est sans fondement. Les risques de dérapage financier, de retard et de fissuration d’immeubles d’habitation sont beaucoup plus élevés à Nice qu’à Lyon.
Par ailleurs, les comparaisons budgétaires sont inquiétantes : le tunnel lyonnais de 1,8 km a coûté 222 millions d’euros. Le budget du souterrain niçois de 3,2 km, intégralement réalisé en tunnel monotube, est annoncé à 300 millions d’euros. C’est un budget bien faible au regard du coût de réalisation à Lyon !
2°/ des enjeux d’aménagement urbains très différents
A Nice, le choix du souterrain n’est pas lié à une contrainte technique comme le franchissement d’un grand fleuve, d’une autoroute nationale ou d’un petit quartier d’habitation dense . Les alternatives au souterrain existent. Le choix du souterrain est un choix politique, qui doit être comparé avec les choix d’aménagement à Lyon.
La communauté urbaine de Lyon compte actuellement 4 lignes de métro et 5 lignes de tramway. L’enjeu n’est plus de poser l’infrastructure de base d’un réseau de transport collectif, mais d’assurer la maillage de la Ville.
La communauté urbaine de Lyon peut d’autant facilement intensifier son réseau qu’elle dispose d’une situation financière plus confortable que la Métropole L’endettement de la Métropole (1765 €/hab) est 1,5 fois plus élevé que la Communauté Urbaine de Lyon ( 1145 €/hab) et Lyon dispose de ressources fiscales plus diversifiées.
A Nice et dans la Métropole , l’enjeu n’est pas de mailler un réseau pour l’instant limité à 1 ligne de 9 km mais de rattraper notre retard avec une infrastructure de base la plus étendue possible, en tenant compte des contraintes financières.
Les solutions en surface répondent beaucoup mieux aux enjeux d’aménagement de la Ville de Nice et de la Métropole.
Ce voyage d’étude d’une trentaine de personnes, (auquel l’opposition politique n’a pas été invité ?) est une manipulation qui montre la fébrilité du Maire de Nice sur la question du souterrain.
Mais, il n’apporte aucun élément nouveau au débat. Au contraire, l’analyse du tunnel de Lyon décrédibilise un peu plus le projet de souterrain niçois en terme de risque et de coût.