Peillon envisage à demi mot le retrait de Benoit Hamon ?

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J’ai toujours eu beaucoup d’estime et de respect pour Vincent Peillon, mais là j’avoue que je ne comprends plus. En tout cas si j’étais Benoit Hamon, je m’inquiéterais.

Il y a eu juste après la primaire de la gauche une pression très forte exercée sur Jean Luc Mélenchon pour qu’il retire sa candidature au profit de celle de Benoit Hamon qui le devançait nettement 18% contre 9%. Cela n’a pas abouti et on pensait ce débat définitivement clos.

Mais il pourrait bien toutefois se poser à nouveau ces prochains jours, au fur et à mesure que les prochains sondages liés à la présidentielle seront publiés. On pouvait même imaginer que maintenant que la situation s’est inversée : 13% Mélenchon, 11% Hamon, un Mélenchon revanchard mettre la pression sur Benoit Hamon.

On pouvait tout imaginer sauf que ce débat sur une candidature commune serait relancé au moment où Hamon est au plus bas …par son conseiller politique Vincent Peillon ce dimanche 26 mars. Lors de l’émission Questions politiques, sur France Inter, Vincent était interrogé sur la possibilité pour le candidat du PS de « s’effacer » devant le candidat de la France insoumise, s’il passait par exemple en-dessous de la barre des 10 % dans les sondages. Et voilà la réponse de Vincent Peillon :

Cette question normalement, en tout cas je le souhaite, va se poser dans les jours qui viennent. Elle se pose chez les électeurs et y compris chez beaucoup d’électeurs d’Emmanuel Macron (…) Je souhaite que nos dirigeants politiques, en particulier Jean-L27uc Mélenchon et Benoît Hamon, retrouvent le chemin du dialogue et bien entendu puissent faire cette proposition politique.

Je me suis pincé, j’ai relu deux fois mais je lis bien cela. De deux choses l’une, où ce ballon d’essai a été fait avec l’assentiment du candidat et nous sommes à la veille d’un tremblement de terre à Solférino, où ce n’est pas le cas et il y a un gros dysfonctionnement.

Débat réussi pour Emmanuel Macron et Jean Luc Melenchon !

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Les français aiment la politique. Ils l’ont encore démontré hier soir en étant près de 10 millions à suivre ce premier grand débat qui était très important pour les cinq candidats.

De l’avis général, Jean Luc Melenchon a surclassé tout le monde. C’est aussi mon sentiment. Pourtant je ne l’aime pas mais je sais reconnaitre une performance. Sa prestance, sa décontraction, et son sens des formules comme « la pudeur des gazelles » à propos des affaires judiciaires lui on permis de marquer le débat et de marquer des points.

C’était surtout l’occasion de jauger Emmanuel Macron qui n’avait jamais participé à un tel exercice. En football, on appelle cela des matchs pièges. Ces adversaires ont à mon avis commis une erreur. Alors qu’il avait du mal à entrer dans le débat, ils ont fini, à force de le chercher, par en faire le point central. La pique du burkini de Marine Le Pen a été probablement le tournant du débat.

Le résultat de cette stratégie à contre-emploi est limpide. Selon deux sondages, un par Elabe pour BFMTV et l’autre par Opinion Way pour le magazine Le Point, Macron a été jugé le plus convaincant et comme celui ayant le meilleur programme, par 30% des téléspectateurs.

Il a paru parfois sur la défensive mais a su se sortir des moments difficiles. En le pilonnant, ces adversaires ont mis en exergue une certaine habileté et l’ont aidé à développer son projet au point d’en negliger le leur.

C’est notamment le cas de Benoit Hamon qui a pourtant des choses interessantes à dire sur les transition énergétiques et numériques mais qui n’a même pas pu parvenir à cristalliser un moment du débat autour de son revenu universel, volontairement éludé par les autres débatteurs, comme si le débat était déja clos.

En conclusion, Macron n’a pas perdu ce débat et c’était essentiel pour la suite de sa campagne.

Pourquoi j ‘ai choisi Macron !

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Intégralité du discours prononcé samedi 11 mars 2017 à la salle Laure Ecard de Saint Roch

Mes chers amis,

Jamais sous la 5ème République, la démocratie n’a connu une situation aussi exceptionnelle que celle que nous vivons en ce moment. Jamais le débat politique n’a atteint de tels sommets de décomposition. Si je suis ici devant vous cet après-midi, c’est que j’ai pris la mesure de cette décomposition. Et des risques majeurs qu’elle fait courir à la société française, qu’elle fait peser sur l’avenir de nos enfants.

Dans la vie politique, il y a les paroles. Que valent-elles aujourd’hui encore aux yeux des français, en plein « Penelopegate » ? Où le candidat Fillon, mais pas seulement lui, tous les ténors de la droite, sont allés de reniements en reniements, expliquant un jour que Fillon ne pouvait plus gagner pour aller expliquer le contraire, 48 heures plus tard, sur les mêmes plateaux télévisés, aux mêmes heures et devant les mêmes téléspectateurs médusés.

Il ne faut pas se réjouir de ce pitoyable spectacle. Ce n’est pas uniquement à la droite qu’il fait mal, c’est à la France, c’est à la démocratie, c’est à la république. C’est un problème politique géant mais c’est aussi un problème moral pour l’unité du pays.

Nous sommes dans une situation où le risque n’a jamais été aussi fort de voir l’extrême droite au pouvoir.

Si nous étions à la montagne, je dirai que nous avons un risque d’avalanche de 4 sur 5, C’est à dire qu’à tout moment, un événement peut tout emporter.

Je vous rassure, je ne suis pas le seul à mesurer tout cela. Beaucoup de socialistes pensent la même chose. Sauf qu’à un moment en politique, il y a des rendez vous majeurs, des situations où l’intérêt général commande de mettre ses ambitions individuelles entre parenthèse, des moments où il faut poser des actes et donc faire preuve d’un peu de courage.

Tout le monde aura bien compris que je ne suis pas venu là sur un coup de tête. Il y a longtemps que l’équipe départementale d’En Marche a pris contact avec moi. J’ai beaucoup réfléchi. Je n’ai rien demandé. Je n’ai rien à gagner. Pourtant on m’a proposé. J’ai répondu que j’avais le respect de la parole publique donnée. C’est la seul moyen de redonner confiance aux citoyens.

Je me sens bien ici même si je suis ému. Ému par ce que je vais vous dire et parce que le Parti Socialiste représente le cœur de mon engagement politique.

Et c’est le premier message qui doit être relayé à l’extérieur. Je suis républicain, je suis de gauche, je suis socialiste et aujourd’hui, très clairement, en étant à ce pupitre, je n’ai pas le sentiment de me renier. C’est important parce que ce qui compte ce n’est pas ma voix individuelle, mais ce sont tous les électeurs qui vont être touché à travers ma voix et que je veux convaincre de la justesse de choix que je fais aujourd’hui et que je les appelle à faire en conscience.

Lorsque je dis que je suis républicain et que je place la république et ses valeurs au dessus de toute autre forme d’engagement, je n’ai plus à le démontrer. Je l’ai fait quand il fallait le faire. En 1993, en pleine tempête politique, je fus le seul socialiste, le seul, à appeler à voter Rudy Salles contre Jean Marie Le Pen dans la 3ème circonscription des AM alors que le communiqué du conseil fédéral précisait qu’entre les deux c’était blanc bonnet et bonnet blanc et laissait les électeurs libre de leur choix. J’ai fait preuve d’indiscipline

Je l’ai encore démontré, en décembre 2015, aux cotés de Christophe lorsqu’il a fallu retirer la liste régionale de la gauche pour permettre à Christian Estrosi de battre MMLP et le FN. C’était un geste difficile mais profondément républicain. Alors qu’une partie des électeurs de gauche nous ont copieusement injurié pendant quelques jours, nous avons tenu le cap.

Eh bien ma présence ici s’inscrit dans le prolongement de cette histoire, de cet engagement républicain.

Je suis ici parce que tout mon parcours politique ne pouvait que m’amener là. C’est là que je suis en cohérence avec moi-même. J’ai été rocardien, peut être même à l’époque plus rocardien que socialiste. Ce fut une belle aventure politique. Je l’ai suivi jusqu’à cette funeste élection européenne où son destin présidentiel pris fin, torpillé par Bernard Tapie. J’ai ensuite choisi Jospin face à l’aile gauche du Parti qui était représentée par Henri Emmanuelli, puis j’ai choisi François Hollande parce qu’il incarnait les valeurs de la social démocratie et parce que j’ai milité à ses côtés pour le Oui au Traité constitutionnel. Dans tout mon parcours, j’ai été positionné dans l’aile droite du Parti Socialiste.

Emmanuel Macron est le candidat qui se rapproche aujourd’hui le plus de mes convictions de socialiste, parce qu’il vient de la gauche, de réformiste, parce qu’il a démontré sa capacité à faire bouger la société française, et d’européen parce qu’il aime l’Europe et en même temps en dresse un constat lucide.

J’ai retrouvé chez lui ce que j’aimais chez Rocard, cette capacité à s’adresser aux intelligences avec un projet sérieux et crédible sur le plan économique.

Oui je suis philosophiquement et politiquement attaché à la solidarité et à la redistribution. Mais pour améliorer la protection des chômeurs, la protection des plus faibles, pour redistribuer, il faut créer les conditions de la production de richesse. On ne peut se contenter de dire que la dette ce n’est pas important. C’est se masquer la réalité.

Mes amis vous ne m’entendrez pas dire un mot de travers sur les socialistes, c’est ma famille. Ni sur Benoit Hamon. Je l’ai connu chez Rocard. Depuis il a un suivi une autre trajectoire, mais l’homme est resté le même. Ce n’est pas l’homme qui est en cause. c’est son projet. son projet n’est pas à la hauteur de l’enjeu du moment dans la mesure où il a démontré son incapacité à rassembler les gauches. Dès lors, son positionnement devient stérile. Il ne peut plus gagner mais il peut encore faire gagner François Fillon.

Je suis ici enfin parce que nous sommes peut être au moment que j’ai tant de fois attendu, et qui au dernier moment, à chaque fois s’est refusé. Celui de la recomposition du paysage politique français. Pour la première fois, les deux partis dominants de la 5éme république risquent de ne pas être présents au second tour de cette élection présidentielle. Cette situation reflète un grand malaise, une perte de confiance en l’action publique. Le FN n’a jamais été aussi haut. C’est le miroir de nos défauts.

Emmanuel Macron aussi quelque part le miroir de nos défauts mais il offre une réponse nouvelle, différente du populisme pour y répondre. Cette réponse, c’est celle de la transgression pour aller vers une offre politique nouvelle.

Il s’inscrit dans les pas du discours de Michel Rocard à Montlouis sur Loire le 17 février 1994, qui appelait à un « big bang » politique., à une recomposition regroupant tous les centristes (Bayrou en est) , les socialistes (Delanoë en est), les écologistes ( De Rugy en est) et certains communistes (Braouzek en est).

Ce « big bang » n’a jamais eu lieu. A chaque fois le rendez-vous avec l’histoire a été manqué. Je fais allusion à la candidature de Jacques Delors à la présidentielle de 1995, avortée lorsqu’il vint dire en plein 7 sur 7 qu’il n’aurait pas la majorité de socialistes pour appliquer son projet .

Je pense à la tentative de rapprochement de Ségolène Royal avec François Bayrou, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2007, torpillée par Solférino.

Je pense enfin à 2012, où après l’appel de François Bayrou à voter François Hollande, ce dernier n’a pas su saisir cette opportunité. Encore une occasion de manquée.

Nous sommes en 2017. Cette recomposition que François Hollande et Michel Rocard ont souhaité tout au long de leur engagement, un autre, Emmanuel Macron peut enfin la réaliser. Il dispose d’un atout que n’avaient pas ces prédécesseurs : la liberté. Les français ont tellement envie que quelque chose change dans ce pays, que les pratiques politiques changent, je le vois au travers de l’expérience que je mène au niveau municipal, qu’il faut lui donner la chance de réussir. Il peut renverser la table et tout recomposer, c’est une période politique passionnante qui s’ouvre.

Voilà pourquoi je suis venu faire un bout de chemin à vos côtés. Parce qu’il faut que la gauche qui ne peut plus gagner cette élection se mobilise pour que cette démarche réussisse. Il faut des gens de gauche. Je sais qu’il y a une grosse pression sur certains élus ou certains cadres. Je sais aussi que cette situation arrange complètement certains qui ainsi peuvent dire, vous voyez qu’il est de droite. En marche a besoin de l’engagement de la gauche, parce ce que si la jambe gauche et la jambe droite n’avancent pas à la même vitesse, alors on ne marche plus, on boite !

Mes chers amis, et ce sera ma conclusion, la France n’a jamais connu un aussi grand danger. Ce n’est pas pour rien que le président de la république est inquiet.

C’est le seul qui, publiquement, évoque la possibilité d’un vote FN sous-évalué. Et ce n’est pas pour rien qu’il maintient l’état d’urgence et qu’il réunit hebdomadairement un conseil de défense. On ne peut pas écarter l’hypothèse d’un ressaisissement électoral d’une droite, sonnée par l’affaire des emplois fictifs mais revancharde et de son candidat, François Fillon. 5 points d’avance, c’est beaucoup et c’est peu à la fois, allez donc demander au Paris Saint Germain ce qu’ils en pensent. Mes chers amis, comme Il n’y a pas de match imperdable, il n’y a pas d’élection imperdable.

Le risque d’élimination des progressistes existe, parce que les français sont désorientés, désespérés. Il s’amplifie même vu la tournure que prend la campagne depuis 48 heures, ou pour beaucoup l’objectif n’est plus de gagner mais d’empêcher Emmanuel Macron de le faire. Et le risque de dispersion des suffrages ne fait qu’aggraver ce péril.

C’est pour cela que je suis venu dire publiquement que je voterai pour Emmanuel Macron dès le premier tour, que j’appelle les électeurs de gauche à le faire pour se protéger du pire scénario pour eux et pour la France, un second tour Fillon-Le Pen, mais aussi pour faire un vote positif pour l’avenir, pour l’espoir, pour un futur accessible, pour la république.

Vive la république et vive la France.

Les Républicains deviennent fous !

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Chez « Les Républicains », les grandes manœuvres ont commencé pour débarquer Fillon coûte que coûte. Ses « amis » distillent le poison lent des lâchages.

Mais c’est le plan B qui m’interroge. Le fantôme de Juppé resurgit. En fait ils pourraient mettre un « quinqua » mais non, ils vont aller sortir Juppé de sa réserve. Un septuagénaire fatigué, laminé lors de la primaire par Fillon et qui a montré ses limites, déjà condamné pour emploi fictif alors que Fillon n’est même pas encore mis en examen pour le même supposé délit. Si on analyse rationnellement les choses, c’est à peine croyable.

D’autant qu’au niveau projet, on n’est pas rendu non plus. Soit Juppé ressert aux électeurs de droite son concept d’identité heureuse explosé par la primaire, soit il fait campagne sur le programme de Fillon auquel il ne croit pas. Une situation totalement schizophrène.

Fillon contre vents et marées

 

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Ce matin lors d’une conférence de presse surréaliste, le candidat Fillon s’en est violemment pris à la justice. Il n’y a pas un traitement spécifique pour François Fillon. Il est traité comme un autre justiciable. Il dit avoir un traitement à charge mais les procédures du parquet sont souvent à charge. Le parquet a transmis l’enquête à trois juges d’ instruction. Quelques jours après, le candidat Fillon est convoqué aux fins de mise en examen, ce qui va lui donner accès au dossier et permettre à ses avocats de faire des actes de procédure.

Bien sûr, les délais peuvent paraître exceptionnellement courts. Les enquêtes sont en général très longues en matière financière, mais c’est une affaire qui semble d’une simplicité biblique.

Cette affaire n’est pas ordinaire. Tout cela est inédit et son statut de vainqueur de la primaire fait que les deux agendas judiciaires et politiques cohabitent mal. Il y a 20 ans, cela se serait passé autrement mais les temps ont changé. Il y a eu l’affaire Cahuzac, les convocations de Sarkozy, la loi sur la transparence de la vie politique. Il y a une volonté de transparence et de moralisation de la vie publique.

Or tout le monde a bien compris ce qui se joue. En fait la droite n’a pas de chance. Elle s’est évitée Sarkozy qui avait besoin d’être réélu président de la République pour bénéficier de l’immunité absolue qui est accordée au Président pendant la durée de son mandat. Elle se trouve dans le même cas de figure avec Fillon et ce n’était pas prévu. Si Fillon est élu Président de la République, il échappera à la justice. Voilà pourquoi la justice va si vite dans cette affaire. Pour que les Français, le 22 avril, votent en toute connaissance de cause.