Municipales 2026 : délinquance, drogues, police municipale, sécurité privée… Ce que la gauche écologiste dit à Nice-Presse Dimanche

ENTRETIEN DE PATRICK ALLEMAND AVEC NICE PRESSE LE 12 OCTOBRE 2025

© Romain Boisaubert / Nice-Presse

À quelques mois des municipales, le chef de file des socialistes niçois veut incarner une gauche « sérieuse et concrète »… bien davantage que la France Insoumise. Après le drame des Moulins, Patrick Allemand plaide pour une politique de sécurité fondée sur la proximité et la prévention, loin, dit-il, de la « politique spectacle » orchestrée par le duo Estrosi-Ciotti. Les propositions de la liste « Unis pour Nice » (PS-PCF-EELV) dans Nice-Presse Dimanche.

Après la fusillade aux Moulins, le week-end dernier, certains ont reproché à votre liste de ne pas s’être rendue sur place. Était-ce une erreur ?
Non. C’était un choix. Aller sur place pour faire un selfie ou un tweet n’aurait rien apporté. Nous, nous ne faisons pas de communication à chaud, nous construisons une politique alternative. La sécurité mérite du sérieux, pas du spectacle.

Il s’agit plutôt là de soutenir les habitants sur place. Juliette Chesnel-Le Roux, tête de liste de l’Union de la Gauche, n’a pas réagi. Julien Picot et vous si. Pourquoi ces divergences dans la communication ?
Il n’y a pas de désaccord fondamental. Parfois, on réagit collectivement, parfois individuellement. Ce jour-là, j’ai réagi très tôt, spontanément, parce que j’étais profondément choqué. Mais il n’y a aucun problème entre nous. Nous tirons tous dans le même sens.

Cette nouvelle fusillade à Nice. Qu’est-ce que cela traduit du climat actuel ?
Je suis inquiet, profondément. Deux personnes totalement innocentes ont été abattues froidement, sans lien avec les trafics. Un jeune de 20 ans, qui n’avait jamais touché à la drogue. Un homme de 59 ans, très estimé dans le quartier, engagé dans la vie associative. C’est particulièrement préoccupant, car on n’est plus dans un cadre de règlements de comptes classique. C’est une scène de rue, une rafale, une violence gratuite… Cela montre que l’on franchit un cap, celui où la peur s’installe durablement dans la vie des Niçois.
On entend peu la gauche sur les questions de sécurité, comme si la droite avait le monopole du sujet. Vous l’accusez d’ailleurs de ne pas avoir réglé le problème de fond…
Parce qu’on a empilé les dispositifs sans résultats. Depuis 2008, entre 150 et 200 policiers municipaux ont été recrutés, mais les faits divers se multiplient. Ce n’est donc pas un problème de quantité. C’est une question de méthode.

Quelle serait la vôtre, si votre liste était élue en mars prochain ?
Revenir à la proximité. Nous défendons le retour d’une vraie police de quartier, comme celle qui existait avant la réforme Sarkozy. Les centres de loisirs de la police, les CLJ, faisaient un travail formidable de prévention. Tout cela a disparu. Il faut renforcer les associations culturelles, sportives, d’aide aux devoirs. La sécurité, c’est aussi la réussite scolaire et le lien social. C’est comme ça que l’on reconstruit une ville apaisée.

Conserverez-vous les caméras de vidéoprotection ?
Bien sûr. Nous n’allons pas faire du « démontage idéologique ». Mais les caméras sont utiles pour élucider les faits, pas pour les empêcher. Il faut en améliorer l’usage : plutôt que d’empiler les écrans, il faut les exploiter efficacement, avec un travail d’analyse, de suivi, d’enquête. Et surtout, arrêter de croire qu’une caméra remplace une présence humaine sur le terrain.

La France Insoumise niçoise évoque à demi-mot un désarmement de la police municipale. Quelle est votre position ?
Je suis évidemment contre. Désarmer la police municipale aujourd’hui serait irresponsable. On mettrait les agents en danger. La montée des violences exige des moyens adaptés, mais pas une logique de confrontation. L’enjeu, c’est la coordination, pas la surenchère.

Et sur la question des agents de sécurité privés, comme ceux de Gaida. Vous les maintiendriez ?

Non. Ce n’est pas au privé d’assurer des missions régaliennes. Nous compenserons par des postes d’ASVP, sous contrôle public. La sécurité doit rester une compétence municipale, exercée par des fonctionnaires formés et encadrés.