Déclaration aux militants du PS 06

 

Mes chers camarades,

Convoquer une AG extraordinaire des militants en 4 jours pose bien sur question. Je vous rassure tout de suite, je ne suis pas malade.

N’y voyez pourtant aucune précipitation, aucune hâte. Cela fait longtemps que la décision que je vais vous annoncer est prise. Au dernier Congrès, lorsque vous m’avez élu pour la 5eme fois, 1er secrétaire fédéral, à la quasi unanimité, je vous avais indiqué que ce serait mon dernier mandat. Dans mon esprit faire un dernier mandat n’est pas faire un mandat complet mais préparer sa suite.

Parce que je souhaite laisser de mon engagement politique à tous les niveaux, une trace exemplaire. Parce que j’ai un souci, assurer la continuité de la responsabilité politique de cette fédération.

J’ai toujours considéré en politique qu’il était du devoir d’un responsable de ne pas quitter une responsabilité sans avoir préparé sa succession, car l’absence de préparation, malheureusement souvent le cas, provoque parfois de la pagaille, du conflit, l’affirmation d’aventures individuelles et accessoirement des défaites.

Les dernières élections municipales nous en ont montré un bel exemple à Carros. Personne ne peut contester à notre ami Antoine Damiani, le fait qu’il ait été de 1995 à 2014, un grand maire, et même un maire exceptionnel. En 19 ans, il a métamorphosé Carros, faisant d’une cité dortoir qui cumulait les problèmes sociaux, une ville agréable, bénéficiant d’équipements publics de toute sorte. Une ville où l’on vient désormais habiter alors qu’avant on en partait.

Mais pour n’avoir pas voulu, pu, su, peu importe, céder le fauteuil de maire en cours de mandat, nous avons finalement perdu cette mairie qui était notre fierté. Eh bien je ne voulais pas ce cas de figure pour notre fédération.

Une fédération, c’est encore plus important qu’une mairie parce que c’est là que bat le cœur de notre parti. Alors après un aussi long bail, 14 ans et un jour, vous ne pensiez tout de même pas que j’allais me désintéresser de ce qui va se passer après moi à cette responsabilité. Parce que j’aime mon parti, j’aime ses élus, ses cadres et ses militants.

La date du prochain congrès ayant été fixée du 5 au 7 juin 2015, j’ai donc décidé que le moment de démissionner était venu. Cette démission prend effet immédiatement. Le choix de démissionner maintenant est justifié par la nécessité que, vous les militants, élisiez votre prochain 1er secrétaire fédéral au plus vite pour lui donner une légitimité tout de suite. A lui ou elle ensuite, en fonction de votre choix, de l’asseoir dans les 7 mois qui nous séparent du Congrès.

Mes chers camarades, 14 ans et 1 jour, c’est long, ça a du paraitre plus long à certains qu’à d’autres, j’en suis bien conscient. Mais c’était votre choix, celui des militants et j’en suis fier. Lorsque j’ai été élu le 2 décembre 2000, notre parti venait de sortir d’une longe période de disette politique. Je venais d’être élu 1er Vice-Président de la région et nous étions 5 à siéger au Conseil Général, Paul Cuturello, Patrick Mottard, Thierry Lautard et moi-même. Nous avons pu ensuite faire élire Marc Concas dans le 1er canton de Nice, puis, appuyé sur les mairies, Antoine Damiani et Marie-Louise Gourdon.

J’ai une pensée émue ce soir pour Jean François Knecht.

Cette dynamique nous l’avons renouvelée en 2004 avec nos réélections au Conseil général, puis aux élections régionales. Et puis nous avons encore gagné les régionales en 2010.

Enfin nous avons fait en sorte qu’en 2009 et en 2014, un d’entre nous devienne parlementaire, Marc Daunis, qui siège au sénat, ce qui n’était pas arrivé à un socialiste depuis la Libération.

Lorsque je suis arrivé, nous étions la 90eme fédération socialiste au niveau des effectifs avec un peu plus de 700 adhérents. nous avons pu, sans avoir conquis de grandes mairies, faire monter les effectifs aux alentours de la 30eme place avec près de 3000 adhérents en 2006, l’année Ségolène.. Depuis, les effectifs sont redescendus aux alentours de 1200 adhérents. j’ai très mal vécu cette période de reflux, auxquels ici ou là, certains cadres de notre parti ont contribué.

J’ai réhabilité notre fédération aux yeux de la Direction nationale de notre parti et nous avons pu accueillir pour des meetings de campagne présidentielle nos deux derniers candidats, Ségolène Royal en 2007 et François Hollande en 2012, mettant ainsi fin à 33 ans de disgrace, nous n’avions plus accueilli de candidat socialiste depuis 1974.

Enfin j’ai assuré la pérennité du parti au niveau de sa structure en prenant la décision de quitter nos locaux de la rue Antoine Gautier que certains ont connu, où nous étions locataires, pour acquérir notre local fédéral qui sera intégralement remboursé l’année prochaine en 2015. Les plus anciens se souviennent du soir de l’inauguration, où nous étions arrivés avec François Hollande, directement de l’aéroport, en mototaxi, déjà sous un casque.

Le soir du 6 mai 2012 reste à ce jour la plus belle de mes émotions militantes. Etre le mandataire d’un candidat socialiste victorieux, devenu président de la république et qui en plus est un ami, c’est un moment rare.

Tout cela n’aurait pas été possible sans une équipe, l’équipe du Bureau fédéral que je remercie. tout le monde comprendra que je remercie ce soir particulièrement quelqu’un qui n’est pas là mais qui a été une collaboratrice exceptionnelle, Sylvie Gautier, et puis notre permanente Sophie Jourdan.

Je souhaite à mon successeur de faire mieux, mais qu’il commence déjà par faire aussi bien.

Il est inutile de s’attarder plus longtemps sur ce qui a été fait, tout est résumé ainsi. Ce qui compte c’est ce qu’il y a à faire.

J’ouvrirai le dépôt des candidatures le mercredi 19 novembre. Elles seront closes le lundi 24 novembre à 19 heures. le vote pour l’élection du 1er secrétaire fédéral se déroulera en même temps que celui pour la désignation des nos candidats pour les élections cantonales le 3 décembre prochain.

Mes chers camarades, il ne faut pas avoir de nostalgie. Je quitte cette responsabilité dans une fédération apaisée. Traditionnellement ici, chaque changement de 1er secrétaire fédéral correspondait à une crispe politique interne. Il n’y a rien de cela cette fois, c’est une chance. je quitte cette responsabilité, non pas pour me retirer de la vie politique, c’est la première mauvaise nouvelle de la soirée, mais au contraire, pour en être à gauche, l’acteur majeur au travers des défis que je me suis fixé et qui vont nécessiter mon investissement à plein temps.

J’ai besoin d’être totalement disponible, la situation politique exceptionnelle l’exige, parce que c’est dur, très dur.

Etre le 1er Vice Président d’une région, aux cotés de Michel Vauzelle, une région sous la menace du Front National nécessite beaucoup de disponibilités et que dire de la mission que m’ont confié les niçois, de diriger à Nice, l’opposition à Christian Estrosi.

C’est à ces deux défis que j’entend pleinement me consacrer dans les années qui viennent. conserver la région à gauche est la priorité immédiate. Ce ne sera pas facile.

Personne ne pouvait imaginer le 6 mai 2012, les difficultés que nous allions rencontrer. Je ne vais pas céder ici à la facilité de faire le procès du gouvernement dont je soutiens par ailleurs clairement l’action, mais force est de constater que les pertes électorales ont été lourdes tant aux dernières élections municipales, que sénatoriales ou européennes et que les résultats espérés tardent à venir.

Le parti est affaibli, soyez assuré que je ne le déserte pas. Je ne démissionne d’ailleurs pas du Bureau fédéral où je continuerai à siéger aux cotés de mon successeur.

Beaucoup est à reconstruire dans un moment où collectivement, la gauche a la tentation de l’auto destruction. certes plumer la volaille socialiste peut paraitre tentant à certains, mais cela ne renforcerait que le Front National et ne conduirait certainement pas à faire émerger une autre gauche, oui une gauche de témoignage qui nous renverrait pour longtemps dans l’obscurité et l’impuissance.

C’est le message indispensable qui doit être compris par nos partenaires et la clef d’un parcours honorable aux prochaines élections cantonales avec une union la plus large possible. il faudra aussi clairement affirmer que les socialistes sont tous socialistes et ne pas laisser le Front de Gauche opérer un tri sélectif parmi les nôtres.

La période politique est complexe, elle nécessite beaucoup d’investissement dans le parti, la restructuration de nombreuses sections touchées après les élections municipales. il faut faire de la pédagogie militante, expliquer les choix gouvernementaux. Je n’ai plus ce temps là. Je n’ai pas par rapport au cumul de position idéologique. Le cumul se justifie lorsqu’il donne plus d’efficacité par rapport à l’action politique au service de notre idéal. pas lorsque le temps manque.

Dans cette période, ma fonction de 1er secrétaire fédéral m’a conduit plusieurs fois à défendre la politique gouvernementale dans des hémicycles où je n’ai pas été élu pour cela.

Cette démission est aussi une clarification. Mes deux mandats électifs sont ma priorité.

Je veux que vous soyez fiers du travail accompli avec Michel Vauzelle, de notre bilan qu’il faudra défendre l’an prochain.

Je veux que vous soyez fiers du travail que nous faisons dans l’opposition à Christian Estrosi au conseil municipal et métropolitain. je représente avec mes colistiers, une gauche de combat, une gauche debout dans la tourmente.

Mais il faut désormais que je rassemble sur nos valeurs, au delà de notre parti, rassembler au delà de nous-mêmes, c’est une urgente obligation.

Mes chers camarades, vous l’avez bien compris, cette démission n’est pas un départ, mais au contraire la garantie d’un engagement plus efficace.

Le 17 novembre, ce n’est pas un jour triste, c’est un jour de fête. Ce n’est pas une page qui se tourne, c’est la garantie qu’autour de celui qui me succèdera, ensemble, tous ensemble, nous écrivions les suivantes.