Mon intervention sur le Covid19 au conseil municipal du 4 mai

Même si la ville de Nice est loin d’avoir connu une intensité de l’ épidémie comparable au drame des régions du grand Est ou Ile de France, ce virus sournois a touché de nombreuses familles niçoises emportant un père, une mère, un frère ou une sœur, une connaissance. Et malgré ses drames, nous devons saluer ceux sans lesquels l’addition serait encore plus lourde, l’énergie et le dévouement des soignants, des forces de sécurité, des pompiers, des personnels des EHPAD que je tiens particulièrement à saluer car à Nice, nous n’avons connu à ce jour les hécatombes qu’il a pu y avoir ailleurs, et de tous les anonymes qui prennent chaque jour des initiatives solidaires vis à vis d’une personne isolée ou de sans domicile fixe, nous rappelant ce qui nous rassemble et qui fait de la Fraternité notre ciment national.

Beaucoup de nos certitudes se sont envolées, Il n’y a pas de meilleur symbole que de voir deux des plus grands porte-avions nucléaires neutralisés par cet ennemi invisible. Il nous faut admettre notre part d’ignorance et hésitations et reconnaitre qu’il ne suffira pas de mots pour panser les plaies de cette crise sanitaire.

C’est pour cela que l’on sera sensible aux actes, à la traduction concrète de vos nombreuses déclarations, à la manière dont tout cela va se mettre en œuvre. C’est dans la période actuelle la mission première de notre groupe : vigilance et exigence.

Nous aurons l’occasion d’en reparler sur certaines délibérations, aussi pertinentes soient elles, qui ont leurs limites, exigeant de nous beaucoup de modestie et de questionnements
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La période que nous vivons est un formidable accélérateur du temps. L’actualité s’est emballée comme jamais. De controverses en contradictions, les moments d’espoirs et de désillusions se succèdent, les fakes attisent les peurs sur les réseaux sociaux. Ce qui apparaissait comme une vérité la veille ne l’est plus le lendemain. Il nous faut aborder tous les sujets mais nous ne sommes ni chercheurs , ni soignants, et chaque apparente simplicité cache parfois une véritable complexité.

Depuis le début de cette pandémie, notre groupe a été animé par l’esprit de concorde que nous impose le contexte. C’est cet esprit qui nous a conduit à vous interpeller sur la nécessité d’associer au dispositif les association de patients, à vous questionner sur les dispositifs contre les violences intrafamiliales ou sur les obsèques et le respect des rites religieux, à vous signaler les étudiants qui s’enfoncent dans la précarité ou la situation sanitaire du campement Luciano, à vous proposer de densifier les tram aux heures de pointes ou d’assouplir les heures de retrait des enfants de l’école pour éviter les attroupements, à nous opposer sur les plages, histoire de rappeler que notre démocratie se fonde aussi sur nos différences.
Ce débat va nous permettre d’avoir une vision globale de ce qui peut être fait par une commune face à une pandémie de cette ampleur. C’est en cela qu’il est utile.

Concernant la délibération 0.2 proprement dite, je ferais quelques remarques dans le même esprit constructif de concorde, ce qui me permet de saluer la qualité de votre écoute et votre ouverture à nos demandes.

Sur le question des personnes isolées, vous avez travaillé avec les fichiers de CCAS, puis de tous les seniors ayant la carte Pass Senior, soit la carte Métropole Nice Côte d’Azur Senior, c’est logique et rationnel. Notre groupe souhaite que vous alliez plus loin en vous appuyant sur les grandes associations de patients (Alzheimer, Parkinson, sclérose en plaques, différentes associations de malades du cancer). Celles-ci n’ont pas encore été dans la boucle. Or elles touchent un public isolé, voire dépendant, à domicile.

Notre groupe note avec satisfaction les avancées enregistrées sur la question des SDF. Les trois points énumérés dans la délibération (élargissement des plages horaires d’accueil, augmentation de la capacité de lits, renforcement des distributions alimentaires) vont dans le bon sens.

Je note également que nous avons été entendu sur la question de la précarisation croissante des étudiants à propos de laquelle je vous avais interpellé. Vous indiquez travailler en lien avec le CROUS. C’est logique. Ce que je retiens c’est qu’en une semaine le nombre d’étudiant secourus à doublé, passant de 140 à 280 paniers alimentaires par semaine.

Notre groupe vous avait également alerté sur la situation des familles avec enfants en situation de précarité qui ne mangeaient plus à la cantine, entraînant un sur coût au quel certaines familles ne peuvent faire face. La réponse est en page 8 de la délibération. Une allocation de 100 euros par enfant est attribuée pour les ménages dont le quotient familial est inférieur à 350 euros par mois et une de 70 euros pour les familles dont le quotient est compris entre 350 et 700 euros par mois.

Parmi les nombreux arrêtés que vous avez été amené à prendre, huit au total, vous ne serez pas étonné que j’évoque celui prévoyant un couvre feu spécifique à 20 heures pour neuf secteurs de la ville parce qu’il introduit une discrimination territoriale qui relève au final plis de l’affichage que de la réalité. Il est en effet de notoriété publique que les forces de police ne sont pas très présentes dans ces secteurs. Dans ces conditions nous pensons qu’il faut l’abroger.

Je souhaite également vous poser une question sur l’après 11 mai et la manière dont va être gérée la mise en quarantaine des personnes testées positives au Coronavirus. Y a t il déjà une liste d’hôtels réquisitionnables. Je suppose que c’est l’état qui est à la manœuvre mais nous aimerions savoir si la ville est associée à la préparation de ce plan.

Enfin, concernant la réouverture des établissements scolaires, je vous invite à la plus grande prudence et nois attendons de vous un point complet de la situation. Peut être que certaines écoles permettront de répondre aux exigences des recommandations sanitaires de l’état et peut être que d’autres non. Je pense que l’avis des directions et des équipes enseignantes doit être écouté. Je ne crois, s’agissant de la sécurité de nos petits niçois, que l’on puisse, en l’état actuel de la situation, prendre une décision unilatérale et globale.
D’autant que les dernières informations portant sur une possible complication du Covid19 sur les enfants ne sont pas de nature à rassurer les parents d’élèves qui ont perdu confiance non seulement dans la parole politique, ce n’est pas nouveau, mais aussi dans la parole scientifique, et ça c’est nouveau.

Je vous remercie