Le Sénat à Gauche : un jour historique !

 

 

On se demandait si cela arriverait un jour tant le mode de scrutin des sénateurs était conçu pour que la droite y fut majoritaire de façon immuable.
Pourtant, ce dimanche 25 septembre, le Sénat a enfin basculé à gauche. C’est un cuisant échec pour Nicolas Sarkozy. Hier soir, voir les rares élus UMP qui avaient accepté d’intervenir à la télévision, parler de forte poussée, de leçon à entendre, avait quelque chose de pathétique. C’était se mentir à soi-même.
La droite a perdu 25 sièges sur les 175 qui étaient remis en jeu. C’était quasiment inimaginable et peu d’observateurs considéraient qu’une majorité absolue à gauche fut possible !

En voyant la réaction de la droite, je n’ai pu m empêcher de repenser au 10 mai 1981. Ils n’ont pas changé. L’alternance démocratique est toujours illégitime à leurs yeux. J’ai même entendu certains qui expliquaient doctement la nécessité de garder Gérard Larcher comme président au motif que le Sénat avait besoin de garder sa hauteur et sa dimension …a-politique ! Ou encore en argumentant sur l’idée qu’au Sénat, on discute entre gens « raisonnables ». C’est comme si le Palais de Luxembourg allait être envahi par des huns ou des gueux, comme vous préférez ! Le même désarroi qu’en 1981. En fait, ils avaient envisagé la perte d’une dizaine de sièges, pas de 25.

Alors, que s’est-il passé? Bien sûr, la droite a du faire campagne dans des conditions difficiles : la crise économique, les affaires, Karachi, etc… Mais, à mon sens, ce n’est pas là que réside l’explication de fond. Pour comprendre il faut bien mesurer comment est composé ce corps électoral. Les grands électeurs sont des élus locaux ou sont désignés et contrôlés par des élus locaux. Bien sûr, cet électorat est fortement influencé par les résultats des élections locales, qu’elles soient municipales, cantonales ou régionales, toutes perdues par la droite. Mais cela aurait pu ne pas suffire.

La débâcle de la droite aux sénatoriales est avant tout le résultat du divorce entre Nicolas Sarkozy et ces milliers d’élus sans étiquette, maires simplement républicains qui, traditionnellement, votaient à droite. Cette fois, ils ont voté à gauche pour en finir. A force de les mépriser, de dire qu’ils ne servaient à rien, de remettre en cause leur nombre, de dénoncer de façon démagogique les coûts induits par leur existence même, d’imposer en force une réforme territoriale dont personne ne voulait, les élus locaux ont dit : stop ! Ils se sont rebiffés. C’est en quelque sorte le coup de pied de l’âne qui révèle à quel point la fracture entre les sarkozystes et les républicains est importante.

C’est le grand enseignement de ce scrutin.