Agir sur les prix de l’optique

 

Tout le monde le sait, les prix de l’optique sont entrés en France dans une spirale vertigineuse qui n’est pas due uniquement à la sophistication du verre. De plus en plus souvent les plus fragiles sont exclus. Les prix pratiqués en matière d’optique sont de plus en plus élevés, et plus les complémentaires remboursent, plus les prix augmentent (certains distributeurs calant leurs prix sur la couverture des frais par les complémentaires) ; et plus les prix augmentent, plus le prix des complémentaires croît également. L’objectif du gouvernement était  donc de casser cette spirale inflationniste en plafonnant ce que peuvent rembourser les complémentaires.

C’est ce qu’est en train de réaliser Marisol Touraine.

En matière d’optique, la prise en charge par les contrats responsables sera plafonnée à 470€ pour une paire de lunettes à verres simples, à 750€ pour des verres complexes, à 850€ pour des verres très complexes. Afin de garantir l’affectation de l’essentiel de ces prises en charge aux verres, la prise en charge des montures est plafonnée à 150€.

Pour garantir le recours à des produits de qualité, les exigences de transparence et d’information sur le prix des lunettes et sa décomposition seront renforcées. Les opticiens devront remettre un devis puis une facture, qui présentera les différentes composantes du prix final.

Pour avoir eu l’occasion de rencontrer certains opticiens, il y a une grogne évidente. Complexité de la mise en place, lourdeurs administratives supplémentaires, j’entends ces remarques.  Mais la justice sociale doit passer dans ce secteur aussi.

Le plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école n’est pas une concession à l’extrême droite

 

Ceux qui, à gauche, veulent faire de la politique politicienne, se sont saisi du discours de Benoit Hamon pour essayer de faire croire que le gouvernement avait fait à cette occasion, une concession à la droite extrême et à l’extrême droite. Il n’en est rien. Au contraire, il s’agit d’un changement de méthode, accompagné d’un changement de braquet.

Nous avons un objectif : promouvoir l’égalité femme-homme dans la société, et l’école de la République a un rôle déterminant à jouer.

Dans 247 écoles, une expérimentation a été lancée à l’automne dernier : les « ABCD de l’égalité ». Les enseignements en ont été tirés. « Ce dispositif pionnier a permis aux enseignants d’améliorer leurs pratiques » (B. Hamon, 30/06/14), en prenant conscience de représentations véhiculées parfois inconsciemment.

A l’issue de cette expérimentation, dès la rentrée, sera lancé un plan d’action pour l’égalité entre les filles et les garçons à l’école. C’est un dispositif sans équivalent, pour permettre à tous les enseignants d’accéder à des outils pédagogiques adaptés :

– La formation des professeurs à l’égalité filles-garçons est étendue dès la rentrée. « Les ABCD, c’étaient 600 enseignants volontaires. Là, ils seront 30000 en formation initiale et potentiellement 330000 enseignants du 1er degré. Tous les chefs d’établissement et cadres sont formés.

– Les enseignants choisissent de consacrer des séquences à l’égalité dans les matières de leur choix.

– Une mallette pédagogique sera mise à la disposition des enseignants.

– « L’une des choses les plus importantes, c’est que les parents comprennent de quoi il s’agit » (N. Vallaud-Belkacem, 30/06/14). Les établissements sont invités à inscrire l’égalité entre filles et garçons dans leur projet d’établissement ou d’école. Cela signifie débat et vote en conseil d’administration ou conseil d’école, avec implication des parents.

L’essentiel, c’est que « l’école, en plus d’apprendre à lire, écrire, compter, forme des citoyens. On y apprend à vivre ensemble, dans le respect et l’égalité » (N. Vallaud-Belkacem, 30/06/14). « C’est d’ailleurs l’attente d’une immense majorité de parents : 88% des Français estiment que l’éducation doit permettre de faire progresser la société en matière d’égalité entre les hommes et les femmes » (B. Hamon, 30/06/14).

Mention très bien à Ségolène Royal

 

S’il y a quelque chose qui est passé sous silence totalement, à croire vraiment que les medias ne s’intéressent qu’à ce qui ne va pas, c’est le dossier explosif de l’écotaxe que vient de régler au moins partiellement Ségolène Royal. La ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie a présenté une communication relative à la mise en place d’un « péage de transit poids lourds ».

Après un travail de mise à plat et de concertation, s’appuyant sur les rapports et les propositions des commissions parlementaires, le Gouvernement a décidé de remplacer « l’écotaxe poids lourds » par un « péage de transit poids lourds  ». On se souvient combien la mise en place de ce projet, pensé par la droite, approuvé par tous, s’était transformé en un piège redoutable pour Jean Marc Ayrault et avait mis le feu notamment à la Bretagne.

En application du principe « utilisateur-payeur », et en vue de faire contribuer le grand transit routier intra-européen au financement de l’entretien des infrastructures routières et de la construction de nouvelles infrastructures, notamment ferroviaires et fluviales, un péage de transit pour les poids lourds de plus de 3,5 tonnes sera instauré. Le dispositif imaginé par l’équipe de Ségolène Royal est astucieux.

Ce péage de transit poids lourds est fondé sur trois éléments essentiels :

  • un réseau resserré de 4 000 km constitué des grands itinéraires de transit international supportant plus de 2 500 poids lourds par jour, soit le réseau routier national et certaines routes alternatives départementales (Alsace, périphérique parisien, un tronçon de la route Centre-Europe-Atlantique), au lieu des 15 000 km concernés par l’écotaxe. Il sera donc moins rentable financièrement.
  • une tarification modulée en fonction des kilomètres parcourus, du niveau de pollution des poids lourds et du nombre de leurs essieux, avec un taux moyen de 13 centimes d’euro par kilomètre ;
  • une mise en œuvre selon un calendrier progressif : à partir du 1er octobre 2014, expérimentation sans facturation ; à partir du 1er janvier 2015, mise en service effective.

Les transporteurs pourront moduler leurs prix, afin de mettre à contribution les bénéficiaires de la prestation de transport, conformément à la loi du 28 mai 2013. Le taux de majoration applicable aux trajets nationaux et inter-régionaux sera de l’ordre de 2 % pour le péage de transit poids lourds (contre 5,2 % dans l’ancien système d’écotaxe). Le secrétaire d’État chargé des transports engagera les discussions avec les professionnels afin d’envisager les mesures nécessaires à la modernisation du secteur.

La recette brute annuelle attendue du péage de transit poids lourds sera de l’ordre de 550 millions d’euros et sera affectée à l’agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF).

Le Gouvernement tiendra  ainsi au moins une partie de ses engagements sur le volet mobilité des contrats de plan État-Régions (CPER), dont la signature est prévue à l’automne. Il travaille, en conséquence, à dégager des recettes de substitution et examine, notamment, toutes les possibilités ouvertes par la réglementation européenne pour le financement des infrastructures de transport.

Ce dispositif nouveau va permettre de faire participer le grand transit routier intra-européen au financement des infrastructures, sans alourdir les charges pesant sur les circuits de distribution locaux.

Rythmes scolaires : Benoit Hamon écrit aux parents d’élèves

 

 

Dans le contexte particulier de la mise en place de la réforme des rythmes scolaires à Nice, où tout est fait pour rendre l’entrée en vigueur de cette réforme la plus anxiogène possible, j’ai souhaité publier aujourd’hui la lettre que Benoit Hamon vient d’écrire aux parents d’élèves.

La voici dans son intégralité.

Madame, Monsieur,

Chers parents,

La réussite de votre enfant est notre objectif commun. C’est pourquoi, à la prochaine rentrée, tous les écoliers bénéficieront d’une organisation du temps scolaire plus propice à l’apprentissage de la lecture, de l’écriture et du calcul.

L’adoption de ces nouveaux temps scolaires vise à faciliter l’acquisition par chaque élève des savoirs fondamentaux et à développer en chacun d’eux un véritable goût pour apprendre. Elle est complémentaire de l’effort que nous poursuivons depuis deux ans en matière de recrutement, de formation des maîtres ou encore de modernisation de la pédagogie.

Nombreuses sont les études internationales qui pointent le fait que nos écoliers savent moins bien mobiliser leurs connaissances à bon escient que leurs voisins européens. Ils manquent également de confiance en eux, en comparaison de leurs petits camarades des pays de l’OCDE. Surtout, l’école française est aujourd’hui en Europe celle où l’origine sociale des enfants pèse le plus lourdement sur les résultats. Une récente étude du Ministère de l’Éducation nationale a montré le recul du niveau des élèves de CE2 en calcul et en compréhension de textes.

La nouvelle organisation de la semaine scolaire doit contribuer à donner aux enfants confiance en eux et en leur capacité à bien apprendre. En effet, cinq matinées au lieu de quatre, c’est, chaque semaine, un temps supplémentaire pour travailler dans de bonnes conditions, le matin étant le moment de la journée où l’attention des enfants est la plus soutenue.

Le matin d’école supplémentaire permet également une répartition plus équilibrée des heures de classe tout au long de la semaine. Depuis la suppression en 2008 de la demi-journée du samedi matin, notre pays présentait à la fois le nombre de jours d’école le plus faible d’Europe et la journée de classe la plus chargée. Cette concentration du temps d’enseignement était préjudiciable aux apprentissages. La nouvelle organisation de la semaine donne ainsi aux élèves et aux enseignants un emploi du temps plus harmonieux.

De fait, en 2013, c’est déjà 1,3 million d’enfants qui sont passés à la semaine de cinq jours. Les bienfaits de cette nouvelle organisation sont déjà clairement perçus par la communauté éducative et par les enfants eux-mêmes. 400 professionnels du corps enseignant ayant mis en oeuvre les nouveaux horaires se sont réunis, entre mars et avril 2014, afin de tirer un premier bilan de l’année écoulée. Trois bénéfices-clés ont été identifiés. Tout d’abord, les apprentissages fondamentaux sont positionnés aux horaires où l’attention des enfants est la plus grande. La matinée supplémentaire permet de repenser la répartition des activités dans un emploi du temps en phase avec les besoins de l’enfant. Enfin, autour des nouveaux temps scolaires se met en place, pour l’enfant, dans chaque école, un projet éducatif global.

Bien sûr, je comprends que certains puissent éprouver de l’inquiétude face à ce changement. Sachez que les équipes académiques ont travaillé, dans chaque commune, main dans la main avec les enseignants, avec vos représentants et avec les élus locaux pour que la modification des temps scolaires se fasse dans les meilleures conditions.

Dès le 23 juin, vous aurez la possibilité de vous connecter au site d’information qui vous est dédié (5matinees.education.gouv.fr). Vous pourrez y consulter les horaires de votre école pour la rentrée 2014 et aurez accès à des informations et témoignages sur tous les bénéfices de cette nouvelle organisation. Soyez donc assurés que la rentrée 2014 est préparée avec le plus grand soin.

L’école a trop souvent changé en fonction de l’intérêt des adultes et non de celui des enfants. Je veillerai donc en lien avec vous, avec les enseignantes et les enseignants, avec les directrices et les directeurs d’école à tout mettre en oeuvre afin que toutes les chances soient données à nos élèves pour bien apprendre et bien réussir.

Je vous donne rendez-vous à la rentrée des classes et vous souhaite, dans l’intervalle, un bon été.

Bien à vous,

Benoît Hamon

Accessibilité des lieux publics aux handicapés : recul ou réalisme ?

 

La loi doit elle ignorer la réalité ? c’est une question que l’on peu légitimement se poser à propos de l’accessibilité des lieux publics aux handicapés.

« Nos cités n’ont pas été pensées pour l’ensemble des citoyens ». (Michel Fardeau, 2001). Il faut que les villes s’adaptent à leurs citoyens, ce n’est pas aux citoyens de s’adapter à la ville. C’est ce principe volontariste, généreux qui a conduit à l’adoption de la loi du 11 fevrier 2005. Neuf ans plus tard, alors que le nombre total d’établissements recevant du public, publics ou privés, est estimé à 2 millions, seuls 330.000, soit 15% ont fait l’objet de travaux d’ensemble ou partiels, selon les estimations de l’Association des paralysés de France (APF).

« La généralisation de l’accessibilité ne pourra pas être effective en 2015 », comme le prévoyait la loi de 2005, a donc reconnu la secrétaire d’Etat chargée des personnes handicapées, Ségolène Neuville.

L’accessibilité ne concerne pas que les personnes avec une déficience, mais également les personnes âgées, les femmes enceintes, etc. « On estime à 12 millions le nombre de personnes dont on peut améliorer l’accessibilité au quotidien. C’est une question d’égalité des citoyens », a souligné Mme Neuville.
Pour éviter la multiplication de contentieux en 2015 (la loi de 2005 prévoyant des sanctions pénales en cas de non respect), le gouvernement réclame aux députés une habilitation à légiférer par ordonnance sur de nouveaux délais, allant de trois à neuf ans. En contrepartie sera rendu obligatoire le dépôt « d’agendas d’accessibilité programmés », détaillant un calendrier de travaux, pour les acteurs publics comme privés qui n’ont pas accompli les mesures prévues par la loi de 2005.
Le dépôt de ces agendas, « qui sera un formulaire simple », selon Mme Neuville, devra se faire au maximum dans les douze mois à compter de la publication des ordonnances. Et l’absence de dépôt d’un agenda d’accessibilité programmée sera sanctionnée.

Les députés ont donc commencé à examiner en première lecture le projet de loi sur l’accessibilité des transports et des lieux publics aux personnes handicapées qui donne plus de temps aux acteurs publics et privés pour mettre aux normes leurs installations dès lors qu’elle s’engagent sur un agenda. La voie de la sagesse et du réalisme en cette période de crise profonde.