Christian Estrosi : ne pas instrumentaliser le djihad !

 

Ce matin Christian Estrosi a publié un billet intitulé « Djihad : J’accuse ».

Je trouve cette tentative de récupération politique sur un sujet aussi dramatique tant pour les familles que pour la cohésion nationale très malvenue. Se servir d’une famille « emblématique » car ce n’est pas dans toutes les familles, heureusement, que 11 membres d’une même famille partent en Syrie est tout simplement méprisable.

Se servir de ce cas pour dénoncer une pseudo faiblesse de l’Etat, pour dire que l’Etat abandonne ces familles en détresse, alors que tout le monde s’est accordé à dire que la dernière loi antiterroriste allait dans le bon sens, est de la démagogie pure.

Le maire de Nice accuse le Gouvernement de ne pas agir contre les associations qui sous couvert d’un objet culturel ou cultuel enrôlent de jeunes personnes dans un processus de destruction et de barbarie, de ne pas combattre avec suffisamment de vigueur les incitations à la haine, les appels au terrorisme ou les endoctrinements qui s’installent dans nos quartiers. pourtant c’est bien un ministre de l’Intérieur de gauche, Manuel Valls, qui a fait interdire le spectacle de Dieudonné, qui, sous la droite pouvait remplir ces salles à souhait avec des provocations antisémites abjectes.

Le maire de Nice accuse le Gouvernement de ne pas prendre les mesures suffisantes et nécessaires pour isoler dans les maisons d’arrêt les présumés terroristes des détenus de droit commun et de ne pas assurer une surveillance accrue sur ceux qui sont clairement identifiés comme des recruteurs potentiels.

Je laisserai le soin au gouvernement s’il le juge utile de répondre point par point à ce réquisitoire affligeant. Mais néanmoins cette sortie du maire de Nice a un mérite, c’est de mettre le zoom sur une situation pour le coup véritablement inquiétante. Il est clair que les départs au djihad se multiplient à Nice. Là cette famille de 11 membres, des passeurs tchétchènes, plusieurs jeunes filles stoppées en catastrophe dont une à l’aéroport même qui avait 16 ans, plusieurs adolescents hommes également.

Que se passe-t-il donc à Nice? C’est une question elle, qui relève de la responsabilité directe du maire de Nice. Pourquoi autant de jeunes à Nice perméables à un discours d’endoctrinement et de radicalisation? qu’est ce qui dysfonctionne à ce point alors que dans les établissement scolaires, on s’arqueboute sur la charte de la laïcité pour prôner une citoyenneté tolérante et laïque permettant à chacun de croire ou de ne pas croire?

Qu’est ce qui fait que ce microclimat radical se développe plus ici qu’ailleurs? Pourquoi le vivre ensemble républicain cède plus de terrain à Nice qu’ailleurs et que les communautarismes sont plus exacerbés qu’ailleurs?

je n’accuse pas, je ne polémique pas. Je pose simplement des questions, j’aimerais que chaque lecteur y réfléchisse.

Bloquer systématiquement tout projet de mosquée quand on connait le danger de certains prêches incontrôlables de la part d’imams radicaux dans les caves et les garages alors que 99% des musulmans ne cautionnent pas ces dérapages et souhaiteraient juste un lieu de culte décent pour pratiquer un islam apaisé dans une démocratie apaisée où une ville reconnaitrait chacun de ces fils et filles sans distinction de religion. Cette attitude facilite t’elle le vivre ensemble.

Etre le seul, je dis bien le seul département de France, où le problème de l’abattage des moutons au moment de l’Aïd n’est pas réglé, alors que nos voisins varois, qui sont de la même sensibilité politique UMP, ont réglé depuis longtemps cette question, est-ce de nature à faciliter le vivre ensemble?

Prendre pendant la coupe du monde, un arrêté anti drapeau étrangers qui était avant tout un arrêté anti drapeau algérien est-il
de nature à faciliter la compréhension mutuelle et le vivre ensemble? ce fut le seul endroit en France ou un tel arrêté fut pris.

Parler de reconquête de quartier en bloquant le développement de commerces ciblés, parler même de commerces ethniques est-il de nature à faciliter le vivre ensemble?

Prendre un arrêté anti épiceries de nuit pour contraindre les épiciers à fermer à 22 heures, puis minuit après un jugement du tribunal administratif où le maire de Nice a perdu, cela facilite t’il le vivre ensemble?

Mises bout à bout, toutes ces mesures qui, prises individuellement et graduellement dans le temps apparaissent aux yeux de nombreux niçois comme justifiées, révèlent une cohérence redoutable lorsqu’elles sont mise en perspective.

Cela ne facilite pas le vivre ensemble mais peut être que cela facilite le travail des plus radicaux, des recruteurs. c’est tellement facile de dire à un jeune en difficulté d’insertion économique, ou dont la famille est en grande pauvreté et qui est en quête d’un espoir : de toute façon ici, on ne vous aime pas….