Un dernier salut à Charles Ehrmann

La courtoisie républicaine, mais pas seulement, me pousse aujourd’hui à évoquer sur mon blog le décès de Charles Ehrmann. Il aurait fêté ses 100 ans le 7 octobre prochain.

Charles Ehrmann, je l’ai trouvé deux fois sur ma route en 1997 et en 2002.

La première fois, ce fut en 1997. J’étais encore jeune et malgré la vague Jospin, mon manque d’implantation ne m’avait pas permis d’accéder au second tour.

La seconde fois, en 2002, c’était en tant que suppléant de Jérôme Rivière qu’il était là. Tout s’est joué sur un coup de dés puisque, malgré la victoire de Jacques Chirac et l’élimination de la gauche du second tour de l’élection présidentielle, nous étions au second tour de l’élection législative. Mais la triangulaire avec le F.N. qui m’aurait permis de l’emporter, ne fut pas au rendez-vous pour …4 voix.

J’ai toujours eu avec lui des relations courtoises. Nous nous rencontrions souvent, parfois dans des associations, parfois dans des clos de boules. Chacun faisait passer ses messages sans agressivité aucune envers l’autre. Demain, tout le monde va lui décerner des louanges. Il n’a, en fait, pas laissé un souvenir impérissable en tant que parlementaire, même s’il était un membre actif de la commission des affaires étrangères, où Michel Vauzelle l’a connu. Mais il votait contre tous les budgets du sport, qu’il trouvait chroniquement insuffisants. C’était un passionné de la chose sportive.

En fait, il avait compris que sa réélection en tant que député dépendait beaucoup moins du nombre de questions écrites qu’il déposait à l’Assemblée nationale, que du travail de terrain qu’il accomplissait. C’était notamment un homme de réseaux et on le surnommait « le pape des boulistes ». Aucun clos n’avait le moindre secret pour lui.

Si l’on devait retenir quelque chose de son action politique, j’évoquerais sans hésiter son bilan en tant qu’adjoint aux sports de la ville de Nice. Beaucoup de dirigeants s’accordent à dire encore aujourd’hui, qu’il a été un grand adjoint aux sports. Il avait été capable d’imposer certains choix à Jacques Médecin, qui avait fini par l’écarter prétextant une limite d’âge qu’il avait, bien sûr, inventée.

Ces dernières années, « Charly » a lutté contre cet ennemi qu’est le temps qui, certes, l’avait fait, par deux fois, Doyen de l’Assemblée Nationale, mais qui l’avait aussi empêché de se représenter en 2002 en tant que titulaire (il avait tout de même déjà 91 ans !).

Je terminerai ce petit billet par une anecdote savoureuse. Si ma mémoire est bonne, nous étions en 2005 ou 2006 à la cérémonie qui a lieu chaque année au Lycée Masséna pour commémorer la mémoire des anciens élèves de l’établissement fusillés par les nazis durant la seconde guerre mondiale. Il était arrivé avec une mine des mauvais jours. Alors que je lui demandais durant la cérémonie si tout allait bien, il eut cette réponse magnifique :  » Non, je n’ai pas le moral, je viens encore d’enterrer un de mes anciens élèves » !