Appel à voter Macron au 2ème tour

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Chère Madame, Cher Monsieur,

Si vous recevez cette lettre, c’est que nous avons eu l’occasion de travailler ensemble, ou simplement de nous connaître à un moment ou tout au long de mon parcours politique.

Dimanche 23 avril, les Français ont tranché et placé Emmanuel Macron en tête au premier tour de l’élection présidentielle et Marine Le Pen en seconde position. Conformément à nos institutions, l’un(e) des deux sera élu(e) Président(e) de la République dimanche 7 mai. C’est un coup de tonnerre. Les deux grands partis de gouvernement qui alternaient au pouvoir depuis 40 ans ont été éliminés, voire balayés. Ils ne représentent plus que 26% des électeurs. L’autre événement politique a été le score très élevé de Jean-Luc Mélenchon.

Tout ceci démontre que le premier tour a été celui de l’expression d’une grande colère. Mais, il a aussi démontré que contrairement à ce qui s’est passé aux Etats-Unis ou en Angleterre, les Français avaient cherché pour réponse une autre voie que celle du populisme et du repli sur soi. En plaçant Emmanuel Macron en tête, ils se sont donné les moyens de faire le 7 mai prochain le pari de l’optimisme et le choix de l’espérance.

J’entends dire ici ou là qu’il est hors de question de voter Macron parce que ce serait lui donner un blanc seing pour mener une politique libérale. C’est se fourvoyer sur la signification du vote du 7 mai. Les déceptions digérées, il faut désormais aller à l’essentiel.

L’essentiel, c’est d’avoir un Président républicain et européen qui permette à la France de peser plus en Europe et dans le monde.

L’essentiel, c’est d’avoir un Président qui garantisse le fonctionnement démocratique de nos institutions en garantissant la liberté du débat contradictoire. L’Histoire nous démontre que, dans ce duel, seul un candidat peut garantir cet essentiel.

Malgré la colère que j’entends, rien ne doit être fait pour favoriser le Front national parce que ce n’est pas un parti comme les autres.

Bien sûr, il est hors de question qu’une seule de nos voix aille chez Le Pen. On n’amalgame pas un Républicain avec lequel on peut avoir des désaccords, avec le parti de la haine, de la xénophobie, du racisme, de l’antisémitisme. Avec le parti qui ne renie pas ses origines et dont la candidate vient de réouvrir le débat sur la responsabilité de la France dans la rafle du Vel d’Hiv.

Mais s’abstenir ou voter blanc, c’est dangereux et c’est aussi favoriser le FN. Ne pas voter Macron, ce n’est pas le sanctionner ou l’affaiblir, il sera élu le 7 mai prochain plus ou moins bien. En déposant un bulletin Macron dans l’urne, ce n’est pas pour lui que vous voterez dimanche, c’est pour ce qu’il représente, pour ce qui transcende les clivages : la Démocratie et la République. A contrario, le score de Marine Le Pen sera considéré comme le baromètre de l’affaissement de ces valeurs qui font la grandeur de la France. Voilà pourquoi le vote blanc et l’abstention sont dangereux.

C’est dangereux aussi, parce que, qu’on s’en défende au non, cela contribue à la banalisation du Front national. Quand de grands leaders nationaux ne sont pas capables d’appeler à voter pour la Démocratie et la République, en totale contradiction avec toute l’histoire de la gauche qui a toujours été la première à combattre l’extrême droite, cela laisse penser que Marine Le Pen en incarnerait une forme moins dangereuse. Or, l’extrême droite est dangereuse sous toutes ses formes. Regardez ce qui est en train de se passer en Hongrie.

C’est dangereux enfin parce que dans un paysage politique dévasté, en pleine recomposition, c’est de la hauteur du score de Marine Le Pen dont dépendra demain la nature de l’opposition. Si son score, à cause des votes blancs ou de l’abstention, est très élevé, elle sera renforcée et sera placée demain comme la principale opposante du nouveau Président, alors que le futur gouvernement d’Emmanuel Macron devrait être principalement confronté à des oppositions républicaines.

Ce sont ces raisons qui m’ont poussé à vous écrire et à vous appeler à voter Emmanuel Macron, dimanche 7 mai.

Avec ma fidèle amitié.

Patrick ALLEMAND