La vérité sur le pacte de Marrakech

 

La signature de ce pacte a fait couler pas mal d’encre en France, et s’est révélée une aubaine pour l’extrême droite qui, en plein mouvement des « Gilets jaunes » a fait passer son slogan « de l’argent pour les migrants, c’est moins d’argent pour les français ».

En fait ce texte international sur les migrations suscite de nombreuses incompréhensions.

Qu’est-ce qui a été approuvé à Marrakech ?

Le pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières a été approuvé lundi lors d’une conférence organisée par l’Organisation des Nations unies (ONU) à Marrakech (Maroc) en présence de représentants de près de 160 pays. Le texte doit encore être ratifié mercredi 19 décembre lors de l’Assemblée générale des Nations unies.

Dès le préambule, le pacte précise qu’il établit « un cadre de coopération juridiquement non contraignant, qui repose sur les engagements convenus par les États membres » et qu’il « respecte la souveraineté des États et les obligations que leur fait le droit international ». Concrètement, cela signifie que chaque pays, même s’il signe ce texte, pourra continuer de facto à mener une politique qui y est contraire sans encourir aucune sanction.

Il s’agit d’un document qui fixe un certain nombre d’objectifs pour « améliorer la coopération en matière de migrations internationales », accompagnés de mécanismes de suivi des mesures à toutes les étapes, un point c’est tout :

-mieux connaître les flux au moyen de collectes de données précises ;
-lutter contre les « facteurs négatifs et les problèmes structurels » qui poussent les individus à quitter leur pays ;
-rendre plus accessibles les filières légales de migration,
-fournir des preuves d’identité à chacun,
-« veiller à l’invariabilité et à la prévisibilité des procédures migratoires » ;
-rendre les périples migratoires moins dangereux,
-« sauver des vies » par une action internationale coordonnée,
-lutter contre les passeurs et la traite des personnes ;
-mieux gérer les frontières,
-limiter le recours à la rétention administrative,
-renforcer la coopération consulaire ;
-une fois les migrants arrivés dans un pays, leur assurer des services de base, les moyens de s’intégrer, reconnaître leurs qualifications et éliminer toutes les discriminations ;
-permettre aux migrants de contribuer au développement de leur pays d’origine,
-simplifier les envois de fonds,
-faciliter leur retour en assurant la portabilité de leurs droits.

La signature de ce pacte a suscité énormément de désinformation et de manipulations politiques.

Ce texte n’est pas un « un préalable à un afflux massif de réfugiés » : il n’oblige un pays à ouvrir ses frontières ou ne formule de quotas de migrations obligatoires. Il ne vise pas non plus à créer un « appel d’air » mondial, mais plutôt à prendre en compte la réalité actuelle pour mieux l’accompagner ;

Il ne s’agit pas plus de « mettre en place une censure de la presse » : simplement le pacte invite à « promouvoir une information indépendante, objective et de qualité, y compris sur Internet » et à « cesser de subventionner les médias qui propagent systématiquement l’intolérance, la xénophobie, le racisme et les autres formes de discrimination envers les migrants, dans le plein respect de la liberté de la presse » ;

Le pacte ne recommande pas non plus le « remplacement des Européens par des migrants » pour favoriser l’arrivée de travailleurs immigrés « payés un euro l’heure ». Le texte dit justement l’inverse, puisqu’il appelle à faciliter l’accès des migrants à un travail décent et à l’économie formelle ;

Enfin, à aucun moment, la souveraineté des pays n’est remise en question par le pacte des migrations.

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