En fin de dictature, l’histoire s’accélère toujours !

C’est un jour particulièrement émouvant pour la démocratie dans le monde. Une des plus anciennes dictatures, la plus vieille, même, avec ses 42 ans, est en train de tomber. Les rebelles sont à Tripoli. La population de la ville se soulève, fraternise avec ses libérateurs sur la Place Verte, symbole du régime khadafiste. C’est la chute finale !

Ceci advient exactement dans les délais estimés par plusieurs hauts responsables marocains et tunisiens avec qui j’avais pu m’entretenir à ce propos. Ainsi, au mois de mai, et encore début juin, tous s’accordaient pour considérer, compte tenu de la situation sur le terrain, qu’un dénouement interviendrait à brève échéance. Déjà, à ce moment là, ils décrivaient une armée régulière à bout de souffle, livrée à l’anarchie, parce que coupée de son commandement central, les systèmes de transmission ayant été détruits par les Français et l’OTAN. Dès alors, des défections se multipliaient vers la Tunisie, les soldats déposant les armes avant de passer la frontière.

Il faut d’ailleurs souligner la solidarité du peuple tunisien qui a été exemplaire durant toute cette période.

Mais comme tous les dictateurs, Khadafi est un grand communicant. Aidé par quelques sursauts sporadiques de l’armée, il a fini par faire croire à l’opinion publique qu’il tenait encore la situation sous contrôle. Ce qui fait que beaucoup de monde est aujourd’hui surpris. Il a réussi à transformer une évidence en quelque chose d’inattendu, dans un délai si rapide.

Pourtant, il existe une constante : les dictateurs semblent, et là réside leur force principale, invulnérables, invincibles – on dit familièrement ‘indéboulonnables’ –  et ce, jusqu’à la toute fin de leur règne. Et dans les derniers jours, l’histoire s’accélère toujours.

Souvenez-vous de la fin de Ceaucescu en Roumanie, de celle de Millosevic en Serbie, de celle de Saddam Hussein en Irak, ou plus récemment, de celle de Ben Ali en Tunisie ou de Moubarak en Egypte. Le mouvement, implacable, fut le même.

De ce point de vue, Khadafi n’a pas échappé à la règle !