Jour après jour, à mesure que Nicolas Sarkozy avance dans l’énoncé de ses propositions pour le prochain quinquennat, une cohérence se fait jour, qui est d’ailleurs la seule de sa campagne, celle de son programme caché.
La première tare cachée du projet de Nicolas Sarkozy, c’est plus d’impôts pour les plus modestes des Français. Le rendu public de son projet, la semaine dernière, avait déjà fait apparaître une impasse dans le financement des mesures nouvelles qu’il annonce, d’un montant de 34 milliards d’euros. Cette impasse, comme la dégradation des comptes publics depuis cinq ans, devrait le disqualifier à tout jamais pour donner à quiconque des leçons de rigueur et de gestion. En fait, cette absence de rigueur conduira les Français les plus modestes à devoir payer davantage d’impôts, dans un contexte d’injustice fiscale caractérisée : aucune réforme de la fiscalité n’est prévue par Nicolas Sarkozy, qui permettrait de replacer la justice au cœur de l’impôt ! Après les augmentations de la TVA, l’instauration dans la précipitation et en tout fin de législature de la TVA sociale, après l’engagement pris devant les autorités européennes d’augmenter les prélèvements obligatoires à l’horizon 2016, les Français savent désormais que le programme du candidat sortant, qu’ils recevront sous peu, aura toutes et l’esprit et la lettre d’une facture salée présentée aux plus modestes.
La deuxième tare cachée conduira à restreindre encore un peu plus la protection sociale pour les salariés et les précaires, qu’il s’agisse du Contrat emploi-compétitivité, de la stigmatisation constante des chômeurs, de la privatisation souhaitée du système de santé… La pente d’un nouveau quinquennat de Nicolas Sarkozy serait celle du démantèlement organisé du droit social français. Ce Droit, ces acquis constituent pourtant un élément majeur du pacte républicain. Un second quinquennat de Nicolas Sarkozy qui serait, par la force du droit constitutionnel le dernier, ferait tomber une à une toutes les digues qui, jusqu’à présent, avaient pu contenir les plus folles ambitions de « ruptures ».
La troisième tare cachée est : moins de République pour les Français. En effet, la République est d’abord et avant tout une ambition de rassemblement du pays autour de valeurs intangibles qui fondent son modèle et donne de la force à la Nation. Les mauvais débats organisés par l’UMP sur la hiérarchie entre les civilisations, la distance prise avec la laïcité par des ministres qui émettent des jugements sur des pratiques religieuses auxquelles ils devraient demeurer indifférents, l’idéologie de la confrontation permanente portée par le candidat sortant, constituent autant de manquements au pacte républicain, de distance prise avec la République qui apaise.
Pour éviter le programme caché de Nicolas Sarkozy, il n’y a qu’une solution : créer les conditions politiques pour que soit appliqué le programme assumé au grand jour de François Hollande pour que la justice soit remise au cœur de la République, de nouveau rassemblée autour de ses valeurs.
Beaucoup de bruit pour rien : un soi-disant projet qui est un non-événement sur le fond, une compilation de mesures déjà annoncées et restant non financées à ce jour, en décalage total avec la réalité économique et les préoccupation des Français. Bref : une inutile gesticulation de plus. On nous promettait la République qui agit, on nous propose en fait la République qui s’agite.
Le candidat Sarkozy ne dit rien sur le pouvoir d’achat, rien sur l’emploi, rien sur la relance économique du pays, rien sur les difficultés rencontrées par le monde industriel, rien sur l’innovation, rien sur l’éducation, rien sur l’avenir, rien sur la France.
Une seule nouvelle mesure en trente longues minutes de conférence de presse : avancer le versement des retraites d’une semaine. Annonce faite maintes fois et toujours repoussée. Les retraités s’en souviennent, cela devait leur être octroyé en compensation de la réforme en … 2010. Après avoir réduit son programme pour la jeunesse à un site internet, il propose pour améliorer les conditions de vie des retraités une mesure déjà prévue, jamais mise en œuvre. Et une conception de la démocratie qui se réduit à un référendum pour demander aux Français de se prononcer sur la répartition des compétences entre deux ordres de juridiction !
Mais malheureusement son projet ce n’est pas seulement une absence de projet. C’est la poursuite de son bilan en pire.
Son projet, c’est le repli et l’austérité à perpétuité en France et en Europe : casse des services publics, attaques contre les collectivités locales et remise en cause des politiques qu’elles mènent (transport, culture, sport, cohésion sociale, logement…), gel de notre participation au budget européen, règle d’or, traité d’austérité. La mise en œuvre de ce projet signifierait l’immobilisation de la France et l’arrêt de la construction européenne : pas de croissance, pas d’emploi, pas d’ambition technologique et industrielle, cela signifie pas d’avenir pour notre pays et pour l’Union européenne. La vraie voie vers la régression, c’est celle que nous propose le candidat sortant, sans imagination, sans volonté, sans idéal. Pire qu’un recul, un abandon.
Son projet, c’est la destruction du modèle social Français. C’est de casser le contrat de travail en organisant une course au « moins-disant social ». En 2007, il proposait de « travailler plus pour gagner plus ». 5 ans et 1 millions de demandeurs d’emplois supplémentaires plus tard, il propose de « travailler moins pour gagner moins ». Son projet, c’est d’abandonner la santé des Français, l’assurance maladie apparaissant comme la grande sacrifiée de son projet. Comment expliquer les 70 milliards d’économies de dépenses qu’il annonce sinon par une casse de l’hôpital et l’augmentation des déremboursements ?
Son projet, c’est le matraquage fiscal des classes moyennes avec l’augmentation de la TVA en contrepartie de la baisse de cotisation sociale des entreprises. Avec surtout plus de 20 milliards d’impôts cachés, qu’il se garde bien d’expliquer aux Français. Et des dépenses nouvelles sous-évaluées : 9,5 milliards selon lui, alors que touts les instituts indépendants en évaluent le montant à plus de 20 milliards. Qui va payer, demande-t-il ? Il ne répond pas : en vérité, ce sont les mêmes qui règlent la facture depuis 2007.
Son projet, c’est la méfiance généralisée, comme s’il était possible de réformer et de redresser le pays en affichant son mépris pour les partenaires sociaux, les collectivités territoriales et l’Europe. Plus que jamais, c’est le pouvoir d’un seul, appuyé par un clan, qu’il propose. C’est l’inverse de ce que doit être une démocratie politique et sociale vivante.
A ceux qui en doutaient, le candidat sortant vient d’apporter une réponse incontestable : il faut changer de président pour changer de politique et redresser la France dans la justice avec François Hollande.
La relance de la production et la croissance sont deux conditions indispensables à la création de nouveaux emplois. Pour impulser un changement de modèle et créer une nouvelle dynamique conciliant des efficacités économiques, sociales et environnementales, l’économie sociale et solidaire constitue, pour François Hollande, un puissant levier.
C’est pourquoi, s’il est élu président de la République, il proposera très rapidement une loi de programmation, prenant en compte les manifestes de « Coop de France », de la confédération générale des Scop et d’autres familles de l’économie sociale, afin d’appuyer le développement de ce secteur ces cinq prochaines années et ainsi soutenir le déploiement, à plus large échelle, des solutions innovantes portées par ses acteurs.
L’économie sociale et solidaire doit devenir, a-t-il affirmé, un partenaire permanent et à part entière de l’Etat comme des collectivités territoriales. Une politique interministérielle sera mise en place en ce sens dès les 100 premiers jours de la présidence et une part significative des financements de la future banque publique d’investissement sera consacrée aux projets des coopératives, mutuelles, associations et entreprises solidaires, en lien avec les institutions financières de l’économie sociale et solidaire. Le financement des associations sera sécurisé (pluri-annualité) et modernisé pour favoriser l’innovation sociale.
La reprise d’entreprises saines par les salariés, sous la forme de coopératives, sera également encouragée à travers l’instauration d’un « droit de préférence », couplé à un « droit à l’estimation de la valeur de l’entreprise ». Cette reprise sera cofinancée par l’entreprise et par la collectivité, afin de relever le défi de la transmission des PME aujourd’hui sans successeurs, tout comme des filiales dont les maisons mères souhaitent se séparer.
Ce partenariat avec l’économie sociale et solidaire s’incarnera également en matière de création d’emplois, priorité du candidat :
– les associations bénéficieront largement des 150 000 emplois d’avenir ;
– les dispositifs de création d’emplois d’insertion par l’activité économique (IAE) seront « déverrouillés », avec pour objectif le cap des 500 000 emplois en cinq ans ;
– les coopératives d’activités et d’emploi ainsi que les sociétés coopératives d’intérêt collectif, représentant des solutions collectives et pérennes de création de nouvelles activités et d’emplois, seront soutenues ;
– les règles d’attribution des marchés publics seront révisées pour s’ouvrir davantage à l’économie sociale et solidaire et une place sera faite aux employeurs de ce secteur dans le dialogue civil.