Attentat de Nice : 11 repérages en toute impunité !

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Il ne s’agit pas pour les acteurs de la vie publique d’une révélation car cette information circule depuis un bon bout de temps. Je me suis fixé depuis le départ une ligne de conduite après l’attentat du 14 juillet, en parler peu.

J’ai toujours fait de la politique avec une certaine éthique. Dans le cas de Nice je n’ai pas dérogé à cette règle parce que j’ai toujours pensé que le risque zéro n’existe pas dans ce domaine et qu’il est facile de tenter de coller la responsabilité de ce qui est arrivé sur un autre.

Et puis je pense que ceux qui ont essayé d’exploiter politiquement cet attentat n’en sortiront pas grandis. C’est méprisable.

Enfin il y a une enquête judiciaire en cours et je fais confiance à la justice pour faire la lumière sur les éventuelles responsabilités des uns et des autres.

Mais le 19 décembre au conseil municipal, Christian Estrosi a dépassé les bornes en traitant Bernard Cazeneuve de Premier Menteur de France et de tricheur. C’est ce qui m’a conduit à quitter la salle avec Christine Dorejo, l’autre élue socialiste car il a refusé de retirer ces propos.

Nous étions un certain nombre à penser que le cauchemar de cette lamentable polémique des jours qui ont suivi l’attentat était définitivement close avec l’hommage national rendu par le Président de la République le 15 octobre sur la colline du Château. On s’est trompé !

Quasiment en même temps, Mediapart a révélé publiquement certains éléments de l’enquête. Parmi ces éléments, il en est un qui est particulièrement troublant et pour le coup à charge contre la ville de Nice. Cela explique mieux la nervosité de l’ex maire de Nice.

On apprend que le camion a effectué 11 repérages les jours précédents et le jour même. Comment en pleine psychose attentat, au sortir d’un Euro ultra-sécurisé, a t’on pu laisser cela se faire ?

Il y a là une énorme responsabilité qui suggère bien des questions. Qui visionne les images de vidéo-surveillance? S’agit il de policiers? Quelle formation ont ils? Je n’incrimine pas les agents en poste ce jour là mais ont ils été formés à autre chose que la vidéo-verbalisation qui elle fonctionne à merveille?

Qui est responsable du recrutement ? Qui a pris la décision de confier à du personnel sous qualifié le visionnage de la vidéo-surveillance ? Car manifestement ce ne sont pas des policiers qui, eux, sont formés à la détection des comportements anormaux. Or voir passer un 19 tonnes 11 fois en trois jours, c’est anormal. Pourquoi ce camion n’a t’il pas été contrôlé par la police municipale ? C’est à la justice de répondre à ces questions. Je ne suis pas magistrat, je ne fais que les poser.

Mais il est clair que si cet attentat avait pu être évité, c’est à ce niveau là que cela s’est joué ! Après le 14 juillet, à 22h30, lorsque le camion est monté sur le trottoir, peu importe qu’il y ait eu 10 ou 15 policiers municipaux et nationaux de plus sur la Promenade des Anglais, c’était trop tard !

Estrosi supprime le « Pass » culture !

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Il ne fallait pas être devin pour imaginer un tel scénario. Quand on annonce que l’on va faire 80 millions d’euros d’économies, il faut bien les prendre quelque part. Et ce sont les jeunes qui trinquent !

Ce « Pass-culture », mis en place par la précédente majorité socialiste, permettait d’offrir aux lycéens, apprentis ou encore étudiants boursiers de la région une somme de 50 euros à dépenser en livres, cinéma ou spectacles.

Voilà une décision emblématique qui rappelle que la gauche et la droite ce n’est pas la même chose, à ceux qui, régulièrement, en doutent. Bien sur, on aurait pu faire plus. Mais il est quand même incroyable de justifier une suppression en disant qu’une politique ne marche pas parce qu’il n’y a pas suffisamment de bénéficiaires.

La réponse est simple. Sur 190 000 lycéens, ce chèque était utilisé par à peine un lycéen sur 10. Peut être parce que pour les autres, 50 euros ne représentaient pas grand chose. on peut donc affirmer avec certitude qu’une fois de plus, ce sont les jeunes les plus modestes qui seront touchés par cette mesure d’économie.

La région assure faire de l’accès aux jeunes à la culture « une vraie priorité » et engager « plus de deux millions d’euros en direction des lycéens et des apprentis pour amener la culture dans les établissements », via notamment des expositions dans les lycées ou des sorties pour des événements culturels.

Là aussi, la différence entre la droite et la gauche se révèle. Estrosi choisira les spectacles qui iront dans les lycées. Avec nous les jeunes s’autonomisaient et allaient voir ce qu’ils voulaient avec leur chèque de 50 euros .

Conseil municipal du 5 février 2016 – Intervention de Patrick ALLEMAND sur le Débat d’Orientations Budgétaires – Exercice 2016

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Délibération 1.1 – DOB 2016 – Débat d’orientations budgétaires – Exercice 2016

Monsieur Le Maire,
Mes chers collègues,

J’ai lu avec attention votre document d’orientations budgétaires. Vous avez pris la peine d’insister longuement sur le contexte international et national dans lequel s’inscrit notre débat. Oui c’est vrai qu’il y a de nouvelles incertitudes avec le ralentissement du rythme de croissance des pays émergeants, notamment la Chine. Je ne m’attarderai pas, à regret, sur ce contexte intéressant, mais je veux faire preuve de discipline sur mon temps de parole.

Je retiendrai juste le doublement du fond d’aide à l’investissement qui va soutenir l’investissement des collectivités locales puisqu’il se montait à 423 M en 2015 et il sera doté d’un milliard d’euros en 2016. Ce sont les 500 millions consacrés aux grandes priorités d’investissement définies par l’Etat., notamment sur la rénovation thermique, la transition énergétique, les énergies renouvelables, qui m’intéressent. Et là j’avoue que je reste sur ma faim car il n’est fait mention d’aucun projet à ce stade, peut être cela sera-t-il précisé au Budget primitif.

J’en viens directement à vos orientations budgétaires.

Les recettes de fonctionnement s’élèvent donc à 542 millions d’euros, ce qui est un bon résultat compte tenu du contexte. Mais vous ne l’avez pas obtenu en baissant les impôts locaux en 2015 !

Vous avez baissé le taux, enfin si l’on peut appeler ça baisser, de 21,33 à 21,31 soit 0,02% mais il y a eu la hausse des bases et surtout la baisse de l’abattement général de 5% , ce qui fait qu’en réalité les impôts locaux ont augmenté de plus de 5% et les niçois l’ont bien vu.

Alors bien sûr, vous vous livrez à votre exercice favori de comparaison des taux dans un beau tableau où Nice apparaît en seconde position derrière Toulouse. Mais les Niçois ne paient pas des taux, ils paient des impôts locaux c’est-à-dire la multiplication du taux par la base, la valeur locative. Or à Nice, la base fiscale est plus élevée, beaucoup plus élevée qu’ailleurs et les Niçois paient plus que les autres. C’était 327 euros en moyenne fin 2014, c’est 343 euros fin 2015.

Le produit fiscal a donc bien augmenté 268 millions en 2014, 281 millions en 2015, 360 millions en 2016. C’est une progression très importante. Et voyez vous, je pense que votre opposition y a un peu contribué.
Et je vous rappelle et je relis une partie de mon intervention sur le DOB 2015.

« A cet égard, au moins, vous avez une cohérence. Vous refusez depuis des années de mettre en place l’abattement pour revenus modestes.
De la même manière, c’est ce qui vous conduit aussi à ne pas vouloir appliquer la surtaxe de 20 % sur les résidences secondaires proposée par le Gouvernement.

Pourtant, cette surtaxe n’aurait que des effets positifs :
• D’abord elle augmenterait significativement les richesses de la ville puisque 13 % des habitations, près de 30 000, sont des résidences secondaires
• Ensuite, elle aurait permis vraiment de baisser la taxe d’habitation (de ceux qui vivent là à l’année en résidence principale et qui paient dans leurs impôts plus d’assainissement, plus d’enrobage, plus d’infrastructures pour des résidents épisodiques).
• Enfin, elle aurait eu un effet collatéral, celui de ralentir un peu la spéculation immobilière qui frappe les ménages et ralentit notre développement économique. »

C’était l’an passé, au cours du même exercice. Eh bien cette surtaxe de 20%, vous l’avez créée. Je vous en donne acte et je m’en félicite.

Venons-en à l’examen du budget de fonctionnement.

Le budget de fonctionnement de la ville de Nice est l’un des plus élevés de France. Mais vous avez réussi à le maitriser, après rappelons le tout de même une forte augmentation des dépenses prévisionnelles en 2015 : + 5,83 % de 2014 à 2015. Sur 5 ans, 2010-2015, les dépenses de fonctionnement auront augmenté de 16,70 %. Vous avez stoppé cette spirale. Je vous en donne acte. 3M d’euros d’économies sur les dépenses à caractère général et l’annonce d’un plan d’économie structurelle pour limiter la dégradation de l’épargne nette.

Alors oui bien sur , n’en déplaise au FN, ce serait tellement facile , il y a une différence entre la droite et la gauche. Quand je regarde la répartition des 104 millions versés aux associations, je peux vous dire que si c’était la gauche qui gérait, il n’y aurait pas dans cette ville seulement 1,2 millions d’euros sur les 104 !pour les associations santé action social et handicap. Etre de gauche c’est placer la solidarité au cœur de nos priorités. l’activité de la banque alimentaire ou des restaurants du cœur explose, il faut aller au maraude, certains soirs de semaine, ce que je fais, pour voir la précarité croissante des séniors. Dont certains sont à la rue. Les concours de danse que JM Galy anime avec talent ne suffisent pas. Il faut répondre à des problèmes lourds de malnutrition, de logement. C’est la même chose concernant des familles. Aujourd’hui, il y a sur Nice des femmes avec enfants en bas âge qui dorment à la rue. Dans une ville comme Nice c’est inacceptable. Moralement inacceptable que de savoir des enfants de 4 ans dormir à la rue, ce quelque soit leurs nationalité. Je souhaite vivement puisque nous en sommes aux orientations budgétaires qu’il y ait un infléchissement net sur le social.

Il y a aussi la question très sensible des ressources humaines où vous expliquez n’avoir pas pu respecter vos prévisions à cause du recrutement de 165 animateurs pour les TAE, ce que je veux bien concevoir, qu’il a fallu procéder à la revalorisation des rémunérations des agents de catégorie B et C, mais c’est une mesure de justice sociale qui touche 75% de nos effectifs. Et qu’enfin il y aura une augmentation des cotisations retraites CNRACL et IRCANTEC sur l’exercice 2016 pour une charge supplémentaire de 400 000 euros. On en va pas mégoter la dessus, cela concerne les carrières de tous nos agents et finalement ce surcoût de 400 000 euros ce n’est que l’équivalent du cout de votre cérémonie des vœux.

Vous arrivez néanmoins pour cette année à une stabilisation des effectifs, à 6 296 agents, périmètre constant ou pas constant peu importe que vous ayez une politique de maitrise des dépenses en personnel ce n’est pas un problème mais 3 principes doivent guider vos choix :
– Ne pas toucher aux secteurs prioritaires (éducation, social, petite enfance et sécurité) et nous sommes d’accord sur des priorités ;
– Demeurer vigilant sur les conditions de travail
– S’assurer de la qualité du service public rendu à l’usager.

Quant à l’investissement, cela pourrait se résumer assez vite. Il n’y a plus d’argent.
Alors vous avez trouvé une astuce depuis l’année dernière, vous nous présentez des enveloppes d’investissement pluriannuelles. L’an passé c’était sur 6 exercices budgétaires. C’est cette année sur 5. C’est-à-dire que les enveloppes indiquées doivent être divisées par 5 pour avoir une vision précise des investissements annuels potentiels.

Mais la réalité c’est l’investissement a baissé de manière significative, j’allais presque dire s’effondre. Alors pour masquer cette baisse substantielle, vous avez inventé un nouveau concept : le D.O.B. pluri annuel. C’est la 2eme année que vous nous faites ce coup. Je ne le condamne pas, c’est logique. Cela fait des années que je vous prévenais, nous y sommes.

Vous annoncez 260 millions d’euros d’investissement mais sur cinq ans, c’est-à-dire en fait, 50 millions d’euros par an, alors que sous la précédente mandature le niveau d’investissement s’élevait en moyenne entre 80 et 100 millions d’euros par an.

Le secteur éducation, petite enfance et enseignement supérieur : enveloppe de 70M soit 12M /an. On nous annonce sur la mandature, la livraison de deux nouveaux groupes scolaires Saint Isidore et Nice Méridia mais j’appelle votre attention sur l’urgence de travaux d’entretiens dans plusieurs écoles qui attendent désespérément. Certes nous ne sommes pas dans la situation ignoble de Marseille mais il y a des besoins importants. Les dépenses d’éducation sont plus faibles que dans les autres villes de France, or la situation de Marseille.

Le secteur sport et jeunesse, 22M ce qui fait 4,5M / an vous évoquez des réhabilitations de stades, de clos, de piscine, de centres d’animations et de loisirs, mais il n’y a plus de trace du palais des sports pourtant promis par vous durant la campagne électorale, pas plus que du grand Dojo que les judokas attendent.. a moins que vous ne pensiez le faire financer intégralement par les opérations privées sur le site du Ray ?

Le secteur sécurité c’est 5M soit 1M/ an avec 2 priorités, la vidéosurveillance et la sécurisation des bâtiments scolaires. Cela me parait insuffisant concernant la sécurisation des bâtiments scolaires qui est un véritable enjeu. Nous avons pu le mesurer tout au long de l’année avec le saccage de plusieurs écoles.

Le secteur rénovation des bâtiments publics et du patrimoine communal. L’enveloppe est de 60M soit 11,5 M/an. Y sont mentionnés notamment la rénovation des espaces verts, la villa La Luna, Corvesy.

Le secteur de rayonnement culturel est doté de 20M soit 4M/an. On parle de réhabilitations, de rénovations, de modernisations mais plus de projets. Sur les Abattoirs, on ne parle que du déménagement des artistes de Spada et du Hublot. Ou est passé le fameux 104 ? Sans être désagréable, je rappelle que c’était ce que nous proposions dans notre projet en 2008 ! Et que devient le musée du Carnaval et des traditions niçoises à Spada ? Autre proposition de notre groupe, que vous avez reprise. On s’en félicite, mais là je ne vois plus rien. Or c’est un outil culturel primordial pour notre identité culturelle.

Concernant le développement économique, vous avancez le chiffre de 40 M soit 8 M/an. Je me suis étonné car normalement le développement économique, c’est la région. Vous en être le chef de file désormais et la région doit travailler avec les métropoles. Mais en fait ce sont des travaux sur Acropolis plus le concours de la ville à la ligne 2 du tram. Ce n’est pas du développement économique, c’est un soutien à l’activité du BTP. C’est bien d’ailleurs, il faut le faire mais il vaut mieux appeler un chat un chat

Si on rajoute la modernisation de l’administration, vaste chantier, cela nous fait un niveau d’investissement aux alentours de 50 M d’euros par an. C’est-à-dire que sur la ville de Nice l’investissement chute.

Il y a dans le DOB, cette année, une partie intéressante sur la recherche de nouvelles sources de financements .Il y a tout d’abord le commissariat général à l’Investissement qui a prévu une enveloppe de PIA de 7,4M d’euros pour l’écocité de Nice. Et puis il y a l’Europe. Vous êtes désormais autorité de gestion des fonds européens en tant que président de région.. Vous nous citez tous les fonds, le FEDER, le FSE, certains autres programmes plus territorialisés comme les programmes Med, Alcotra ou Maritimo mais c’est surtout en réalité la métropole qui pourra surtout bénéficier de financements européens.

Venons-en et ce sera le dernier point de mon intervention, à la dette.

Il y a désormais 381,5 millions d’emprunts à la ville de Nice auxquels vous devez rajouter, que ça vous déplaise ou non parce que c’est la loi et la chambre régionale des comptes vous l’a rappelé, 114 millions d’euros de la dette de l’Allianz Riviera. La dette réelle de la ville s’élève à 506 millions d’euros.

Alors pour faire court, vous nous annoncez avoir besoin de 40 millions d’emprunts pour 2016 et rembourser 45 millions donc vous dites baisser l’endettement de 5 millions d’euros. C’est l’anecdote. La réalité c’est que votre capacité d’autofinancement brut s’effondre. Elle était de 55 millions en 2013, 37 M en 2014 et 2015, elle chute à 20 M pour 2016. Et la capacité d’autofinancement nette sera négative à – 29 millions !
Je crois au contraire que ces orientations sont le reflet des difficultés budgétaires dans laquelle la ville se trouve désormais.

Voilà, les réflexions que vous inspirent nos orientations budgétaires.

Conseil municipal du 5 février 2016 – Intervention de Patrick ALLEMAND sur le rapport de la CRC sur la gestion de la Ville de Nice

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Délibération 1.2 – Communication du rapport d’observations définitives de la Chambre Régionale des Comptes sur la gestion de la commune de Nice à compter de l’exercice 2006

Monsieur le Maire, Mes chers collègues,

Le rapport définitif de la Chambre Régionale des Comptes sur la gestion de la commune de Nice vient à point nommé au moment du débat sur les orientations budgétaires. Avant de vous dire ce que j’en pense je voulais saluer la qualité du travail des services qui ont permis à la commune de répondre aux premières observations.

Lorsque j’ai lu ce rapport, je me suis dit qu’hélas je n’avais pas tort. Tout ce que j’ai dénoncé point par point dans la gestion de cette ville, dans les choix qui ont été fait se retrouve condensé dans un rapport précis, technique et par moments cruel.

Il y a dans ce rapport 3 grands thèmes, la situation financière, le personnel et l’Opéra de Nice, enfin le projet de la Gare du Sud. Bien qu’il soit passionnant de bout en bout j’insisterai tout particulièrement sur la situation financière, parce que je vous dis depuis des années que nous allons dans le mur et que cette fois nous y sommes.

Nous y sommes parce depuis quelques années, je qualifie toujours monsieur Pradal de Gérard Majax de la finance, sauf que les réponses qu’il a fournies à la Chambre des comptes n’ont pas convaincu. Comme tous les magiciens, un jour on finit par découvrir le truc et la magie disparaît.
Et la réalité nous rattrape.

La chambre régionale des comptes qualifie la situation financière de préoccupante. Combien de fois me suis-je fait traiter d’incompétent dans cette salle pour avoir dit par avance ce que nous lisons aujourd’hui.

Nous lisons que l’épargne dégagée par la section de fonctionnement ne permet plus de couvrir le remboursement de l’annuité en capital de la dette, qu’une nouvelle dégradation s’est opérée en 2014 sous l’effet conjoint de la baisse des dotations de l’Etat et de l’intégration de l’annualité de l’Allianz Riviera. Et que la dette qui était de 367 millions en 2007 dépasse les 500 millions fin 2014.

Il y aura donc une insuffisance de l’épargne nette sur la période d’environ 100 millions d’euros qui fait que la section de fonctionnement ne pourra pas contribuer au financement de nouveaux investissements qui ne pourront se réaliser sans recours à l’endettement.

Cela fait des années que j’alerte vainement sur la baisse de la capacité d’autofinancement brute qui était de 55 millions d’euros en 2010, qui s’est effondrée ( le mot est de la Chambre) à 37 millions d’euros en 2014, date de l’entrée en scène de l’Allianz Riviera au point qu’il ne représente plus que 7 % des produits de gestion alors que les juridictions financières considèrent qu’à partir de 15 %, soit le double, c’est insuffisant. La CRC considère (P13) que l’impact financier du stade conduit à une baisse de la capacité d’autofinancement nette de la ville de près de 10 millions d’euros. Ainsi, poursuit la chambre, le financement du nouveau stade est une des raisons majeures du fait que la section de fonctionnement ne puisse plus contribuer aux nouvelles dépenses d’investissement.

Et pire, la CRC indique que cette tendance devrait se poursuivre et même s’amplifier du fait de la baisse des dotations et de la hausse des annuités de la dette.

Et donc, la commune a été obligée d’augmenter les impôts en 2015 ! Ce n’est plus Patrick Allemand qui le dit, ce sont les magistrats ! Et l’expression est d’ailleurs magnifique. Pour qualifier votre entourloupe de l’an passé, (P20), de magicien, Monsieur Pradal s’est transformé en esthéticienne ! La chambre parle d’une baisse cosmétique du taux de la taxe d’habitation de 21,33 à 21,31 %, qui ne compense pas, pour les ménages, la réduction des abattements sur les bases qu’elle a opérés. Donc vous avez augmenté les impôts.

Le rapport rajoute (P25) que dans ces conditions il va y avoir un ralentissement de l’investissement communal à partir de 2014.

Car par ailleurs, le stock de la dette, la dette s’est fortement accrue. Elle est passée de 367 millions d’euros en 2007 à 527 millions d’euros en 2013 ! Et comme l’épargne brute de la commune n’augmente pas, le seuil des 9 ans pour la capacité de désendettement, considéré par les magistrats comme inquiétant est dépassé. Il était évalué par les magistrats de la chambre régionale des comptes, pas par Allemand, à 6,9 années en 2011, 9,5 en 2013 et…13,7 années en 2014 !

Alors le résultat c’est la situation 2015 dont nous n’avons pas encore, et c’est normal, le compte administratif. La Chambre a acté la volonté de la commune de diminuer la dette à l’horizon 2020 et de réaliser 300 millions d’euros d’investissement sur 6 ans. Mais les magistrats livrent une information que, eux mêmes, pas nous les élus, qualifient de majeure. En 2014, la CAF brute (37,1 millions d’euros) n’était pas suffisante pour couvrir l’annuité en capital de la dette (44,6 millions d’euros), c’est à dire que la CAF Nette était négative plus de 7 millions d’euros. Et depuis, cela se dégrade encore.

Or les contraintes vont s’accroître et vous ne pouvez plus utiliser le levier fiscal puisque vous l’avez utilisé l’an passé en relevant le taux de la taxe de séjour et en appliquant la majoration de 20 % pour les résidences secondaires, sans compter la hausse des impôts locaux de plus de 5 %.

Voilà les conclusions auxquelles aboutissent les magistrats : situation très préoccupante. Tellement préoccupante qu’ils indiquent que même en faisant des efforts considérables, et ils en reconnaissent quelques uns, même en stabilisant la masse salariale, les effets ne pallieront que partiellement et que même en baissant encore le niveau des investissements, il faudra à la fois utiliser le fond de roulement et maintenir un niveau de la dette élevé. C’est calamiteux.

Alors, qui va faire les frais de cette mauvaise gestion ? Eh bien le personnel bien sûr, c’est tellement facile. Cinq recommandations de la chambre concernent le personnel. Et je veux saluer votre décision de ne pas donner suite, ni sur les tickets restaurant, ni sur la prime aux vacances et de défendre le principe du paiement des heures supplémentaires à ceux qui, sur le terrain, les effectuent vraiment.

Et puis, il y a l’Opéra, et là je dois dire que c’est pire que je ne l’imaginais. La chambre (P48) pointe l’absence d’un véritable organigramme alors qu’il y a 350 agents pour un budget global de plus de 20 millions d’euros ! Vous avez d’ailleurs anticipé une de leur recommandations puisque nous allons voter tout à l’heure une délibération pour le recrutement d’un directeur général auquel nous souhaitons la bienvenue et en même temps bon courage.

Parce que même si la situation s’est améliorée, elle est confondante vu d’où nous partions ! Sur les 15 plus grands opéras de France nous étions 15ème en 2010 concernant l’activité. Il y a eu en 2010 seulement 87 soirées de programmées, 123 en 2014 tout de même. Une amélioration essentiellement tirée par les concerts. En fréquentations de l’opéra nous sommes 10ème sur 15. Les ballets se sont effondrés, la moyenne des spectateurs également. On est passé de 656 spectateurs en 2008 à 498 en 2014 !

Pas étonnant que dans ces conditions, la CRC trouve (P53) le modèle coûteux et surdimensionné, disproportionné par rapport au service rendu. Notre opéra pompe 9 % des moyens des opéras de province mais ne produit que 4 % de l’activité. La CRC considère l’orchestre surdimensionné (P60) puisque 100 musiciens le mettent au niveau des plus grands orchestres philarmoniques du monde, par la taille. Un musicien participe en moyenne à 50 représentations et travaille en moyenne 55 heures par mois, soit très en deçà des obligations de services prévues par voie conventionnelle soit 1076 heures par an. On en est à la moitié ! la CRC préconise le respect du temps de travail, et de tirer profit de cette augmentation du temps de travail pour développer l’Offre de l’opéra de Nice, tout en préconisant une réduction d’effectifs à hauteur de 70 musiciens. Aucune de ces recommandations ne me choque à priori.

Mais enfin ce rapport démontre bien que la situation n’est pas celle que monsieur Pradal nous décrit annuellement avec son talent. Les masques sont tombés. Cette ville est très mal gérée.

Vœux à 395 000 euros ! Mais, c’est un scandale national !

 

2016-01-07-Folie des grandeurs

Communiqué de presse

Hier, j’ai expliqué que j’avais assisté aux vœux du maire mais pas au spectacle « Flashdance » car je condamnais fermement la dilapidation des fonds publics dans un spectacle trop coûteux. Je demandais au maire la transparence sur le coût de la cérémonie que j’évaluais à 150 000 euros, somme qui me choquait déjà.

J’avais hélas très largement sous estimé le montant en question. La mairie de Nice concède que la cérémonie des vœux a coûté 395 000 euros ! La transparence, dont je prends acte, n’exonère cependant pas de la responsabilité politique.

Ni de la responsabilité morale. C’est indécent vis-à-vis des Niçois et plus particulièrement des 10 % d’entre eux, qui, victimes de la crise, en précarité, ne peuvent plus joindre les deux bouts. C’est simplement leur manquer de respect.
C’est tout simplement ahurissant, inimaginable dans la période de crise actuelle.

1. Je vais saisir le Premier ministre et la Ministre des collectivités territoriales pour voir s’il est possible, à titre symbolique, de diminuer la dotation annuelle de l’Etat à la ville de Nice de 395 000 euros puisque manifestement elle n’en a pas besoin.
2. Je vais saisir la Chambre Régionale des Comptes qui, de plus en plus fréquemment, juge de l’opportunité des dépenses. Je serai curieux d’avoir l’avis de son président sur cette utilisation de l’argent du contribuable.

Patrick ALLEMAND
Conseiller municipal de Nice et Conseiller métropolitain Nice Côte d’Azur