Révolution du Jasmin : neuf mois après …

 

Neuf mois après la Révolution du Jasmin qui a chassé l’ex-président Ben Ali et donné le coup d’envoi du printemps arabe, les Tunisiens se sont rendus aux urnes lors du premier scrutin libre de leur histoire. « Sur les 4,1 millions de personnes inscrites, plus de 90 % ont voté », a notamment déclaré le secrétaire général de l’ISIE, la commission électorale indépendante.

Le Président de la commission, Kamel Jendoubi, a toutefois fait état à la mi-journée de certaines « irrégularités » dans le déroulement du scrutin, citant notamment des « pressions sur les électeurs analphabètes » et des « SMS envoyés pour influencer le vote », sans citer aucun parti. Certes, ces pratiques sont critiquables. Mais au fait,  l’UMP n’est-elle pas tout autant la championne des SMS, voir des coups de fil directement au domicile des gens ? Nous n’avons pas beaucoup de leçons à donner de ce côté-là!

Les 8000 bureaux de vote ont ouvert leurs portes à 7 h  et ont les ont fermées à 19 h. Au petit matin, jeunes et moins jeunes formaient déjà de longues files d’attente. La majorité d’entre eux votaient pour la première fois. «Avant, je ne faisais aucun effort pour venir voter, c’était une mascarade », raconte Salma Cherif, un médecin de 48 ans, en quittant le bureau de Mutuelleville, un quartier chic de la capitale, Tunis. Son index était couvert d’encre bleue, la marque indélébile que vont porter tous les votants pendant 48 heures.

« C’est un instant que nous attendions depuis longtemps », témoignait Ahmed, 50 ans, rencontré dans la file d’attente longue de plusieurs centaines de mètres devant un centre électoral de Tunis. «Comment aurais-je pu le manquer ? Dans quelques instants, nous allons entrer dans l’histoire », avait-il ajouté.

C’est bien cela la première leçon qu’il faut retenir de ce scrutin. Il a été une réussite au plan de son organisation, du taux de participation et chaque tunisien peut aujourd’hui exprimer une légitime fierté, celle d’avoir fait basculer son pays dans le cercle des états démocratique et d’être le premier pays du monde arabo-musulman à avoir poussé si loin la démocratie, puisqu’il s’agit d’une constituante. C’est à dire que ce sont les représentants du peuple, 217 au total, élus par le peuple qui vont écrire la constitution de leur pays.

Quelque 42 000 militaires et policiers ont été déployés pour assurer la sécurité du vote. Plus de 13 500 observateurs locaux et internationaux ont surveillé le déroulement du scrutin et environ 1500 journalistes, venus des quatre coins du monde, ont couvert l’événement. Les élections libres en Tunisie sont devenues un évènement planétaire.

Venons en maintenant au résultat !

Le vent de liberté qui a soufflé sur la Tunisie, premier pays du monde arabe à s’être émancipé d’un pouvoir autocratique, a incontestablement profité aux islamistes du parti Ennahda (Renaissance). Interdit sous Ben Ali, et durement réprimé sous l’ancien régime, Ennahda a été légalisé en mars. Durant la campagne, son chef, Rached Ghannouchi, a cherché à rassurer. Il s’est réclamé d’un islam modéré proche du parti islamo-conservateur au pouvoir en Turquie, l’AKP. Il a aussi promis de ne pas toucher au statut de la femme et prôné un gouvernement de large union. Malgré les promesses de Ghannouchi, le camp laïc demeure inquiet. Il craint qu’en cas de large victoire, Ennahda puisse imposer des bouleversements sociétaux remettant en cause les valeurs laïques de la Tunisie.

La démocratie ne s’apprend pas du jour au lendemain. La structuration de la vie politique a également besoin de temps. Or il est incontestable que la chute de Ben Ali a pris de cours ses opposants. Les seuls à être immédiatement opérationnels étaient ceux qui s’étaient structurés dans la clandestinité tel, justement, le parti Ennahda. Ceux-là ont entamé cette élection avec une bonne longueur d’avance. En ayant pour slogan principal, la promesse du paradis, il n’est pas difficile de faire des voix dans un contexte économique et social très difficile où le taux de chômage est très important et où personne ne décèle, dans les différents programmes, le moindre échappatoire à la crise ou à la pauvreté.

Il faut également avoir conscience que le résultat des partis islamistes est beaucoup plus fort dans les régions du Sud pauvres, où il avoisine parfois les 50% – dans la région de Kasserine notamment – qu’à Tunis, capitale, moteur économique et culturel du pays, ou ce score est bien moins important.

Ce qui m’inquiète le plus est le résultat d’Ennahda en France : il est supérieur de 5 points à ce qu’il est en Tunisie ! 37% contre 32%. En toute logique, il aurait du être moindre pour des gens vivant sur notre sol, et évoluant dans une République laïque. C’est le témoignage d’un terrible échec pour notre société. Pour la première fois, on peut le quantifier et mesurer ainsi à quel point les capacités intégratrices de notre République ont failli.

Des Saisons et des Mots au Quartier Bon Voyage – Saint Charles

 

J’ai assisté, la semaine dernière, à la clôture de cette très belle manifestation. Il s’agissait d’un partenariat entre  l’association Épilogue, qui a maintenant récupéré l’ancienne pharmacie des Chênes pour en faire une bibliothèque, et le Centre d’Animation Loisirs du quartier Bon-Voyage.

Chaque année, Stéphie, la directrice d’Épilogue, trouve une nouvelle idée pour établir un lien entre les jeunes des quartiers et la littérature. Cette année , elle a réussi à fédérer toutes les associations du secteur, Agora, AMMF, APT, l’INS, le CAL, etc… pour faire construire un parcours poétique par des enfants et des adultes des quartiers Saint-Charles et Bon Voyage, .

Tout le monde s’est impliqué et il était particulièrement émouvant de voir tous ces mots écrits, sous forme de kakémonos ou de banderoles sur les balcons et les façades d’immeubles,  comme si les familles s’étant impliquées, et par ce geste, souhaitaient le montrer publiquement.

Le point de départ de ce parcours, de cette balade (ballade aussi, peut-être) était le centre d’Animation Loisirs Bon Voyage. Venaient ensuite le Pont Michel, puis les deux côtés du boulevard Louis Braille jusqu’à la Pharma-Livres de l’association Epilogue. Bien sûr, on pouvait voir les enfants parcourir ce trajet. Toutes les écoles du secteur ont également été associées, de la grande section de maternelle, jusqu’au collège. Les parents étaient plutôt fiers de voir le quartier valorisé par cette initiative et des promeneurs s’attardaient à lire ces poèmes, la plupart d’entre eux illustrée.

La veille, il avait plu mais au moment de la clôture, un immense travail avait été fait pour que tout fût remis en place. Et la plus belle preuve que cette action a été une réussite, c’est que nulle part, ces poèmes n’ont été arrachés, même par les « sauvageons » … Et même une semaine après, quelques uns restent encore accrochés dont, seul, le temps aura raison.

Bravo à tous !

La constitution de l’Agence Française des villes et territoires méditerranéens durables

C’est à la Préfecture de Région, pendant notre assemblée plénière, vendredi dernier, que s’est déroulée la cérémonie de signature de la Convention Constitutive de l’Agence Française des Villes et Territoires Méditerranéens durables.

Pendant la plénière, nous venions de délibérer pour la troisième fois, confirmant ainsi notre engagement dans ce projet fondateur dans son objet et original par la qualité de ses initiateurs. Tout le monde connait l’attachement de notre Président à la Méditerranée et en particulier son engagement dans l’action des autorités régionales et locales dans le cadre de la coopération décentralisée.

A l’heure ou les peuples arabes construisent leurs démocraties, ou d’autres se battent encore pour abattre définitivement les dictatures, cette initiative commune entre l’État français et les collectivités locales de notre région revêt pour nous une double signification.

– Tout d’abord, c’est la reconnaissance de l’engagement de chacune de nos collectivités dans cette « diplomatie de proximité et de projets » si importante à l’heure ou les États se reconstruisent, ou la démocratie est encore fragile et indissociable de l’emploi et du développement.

– C’est également la nécessité pour l’Etat de mettre en commun moyens et compétences pour être plus efficace et mieux répondre aux attentes de nos amis du sud et de l’est de la Méditerranée.

Le hasard du calendrier méditerranéen place la création de notre agence, (je la dénomme très volontiers ainsi) à l’heure ou villes et territoires du Sud nous demandent écoute et solidarité mais aussi nous proposent de construire, ensemble, une Méditerranée plus solidaire et tournée vers un destin nécessairement partagé.

Depuis l’origine de ce projet, la Région a souhaité que les collectivités actrices de la coopération méditerranéenne fussent partie prenante de ce projet « coopératif » original.

Je remercie leurs représentants, ici présents, d’avoir confirmé leur engagement et souhaite que d’autres collectivités engagées en Méditerranée puissent nous rejoindre ultérieurement.

Je n’oublierai pas, bien entendu, la ténacité de la DATAR et de ses délégués successifs, dans le long chemin de la construction juridique et financière de l’agence aujourd’hui achevée.

Vous me permettrez d’accorder une mention particulière à l’Institut de la Méditerranée, à son Président  et à son directeur sans lequel ce projet serait « resté dans les cartons ».

Aujourd’hui, nous avons cet outil dont nous avons bien souvent déploré l’absence.

Notre contribution sera en priorité mobilisée dans la construction et l’animation d’une nouvelle génération de projets dans lesquels villes et territoires pourront, ensemble, se projeter dans l’avenir en associant leurs moyens et leurs compétences mais je n’oublie pas que notre agence devra aussi s’appuyer sur une diplomatie méditerranéenne renouvelée de la France et de l’Union européenne.

Je sais que nous pourrons compter sur l’appui financier et l’expertise de la Caisse des dépôts et Consignations et sur l’Agence Française de Développement sans lesquelles ce projet n’aurait pas vu le jour mais aussi sur d’autres acteurs qui se sont manifestés dès l’origine de ce projet.

 Nous sommes prêts à nous mettre au travail dès aujourd’hui et un des indicateurs de réussite de notre agence sera sa capacité à rassembler acteurs et initiatives aujourd’hui trop dispersés pour être plus efficace et plus visible vis-à-vis de nos partenaires pour porter des projets de coopération innovants.

Au nom de Michel Vauzelle, je formule des souhaits de réussite au futur Président de notre agence, à son directeur et à l’équipe qu’ils vont rassembler dès demain.

Je remercie Monsieur le Préfet de nous avoir accueilli ce matin pour confirmer, s’il en était besoin, tout l’intérêt qu’il porte au travail commun entre l’Etat et les collectivités quand les enjeux sont ceux de l’avenir de notre territoire et du devenir de la méditerranée.

Je vous remercie.

La région PACA signe un accord cadre bilatéral de coopération avec le Gouvernorat d’Hébron (Territoires palestiniens)

Les lecteurs réguliers de mon blog savent que la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur développe une politique active en matière de coopération internationale, en particulier sur le pourtour méditerranéen. C’est ainsi que nous avons signé des accords avec de nombreuses régions des pays bordant la mer Méditerranée, que je ne pourrais d’ailleurs toutes citer ici.

Alors que le Hamas vient de libérer après cinq années de détention, le soldat-otage Gilad Shalit, et qu’Israël vient de libérer  500 prisonniers palestiniens, que l’on peut voir dans ces gestes un signe d’apaisement de part et d’autre, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur travaille depuis plusieurs mois à la concrétisation d’un nouvel accord de coopération avec la province d’Hébron en Cisjordanie.

En effet, la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur entretient des relations d’amitié anciennes et durables avec les Territoires palestiniens.  Elles prenaient, jusqu’alors, la forme d’un partenariat avec le Gouvernorat de Khan Younis dans la Bande de Gaza. Toutefois, ce partenariat n’a pas été en mesure de produire des résultats suffisants, notamment en raison du blocus de la zone.

 Aussi, nous avons souhaité signé un nouvel accord, avec un territoire moins exposé, dans l’espoir de déboucher rapidement sur des résultats tangibles.

 Je rappelle par ailleurs que nous avons un accord de coopération bilatérale avec une collectivité locale israélienne, la municipalité d’Haïfa en l’occurrence. Il s’agit d’un accord qui a été signé en 1999.

 La Région Provence-Alpes-Côte d’Azur et le Gouvernorat d’Hébron procèderont dans un esprit de réciprocité et d’équilibre à des transferts d’expérience et de savoir-faire, dans le cadre de partenariats institutionnels, inter-entreprises et associatifs dans les domaines suivants :

–         développement rural, agriculture, eau, environnement

–         développement économique et touristique

–         gouvernance locale et régionale

–         formation, éducation

–         culture et patrimoine

–         aménagement du territoire

Les actions de coopération porteront principalement sur :

–         le soutien au  développement

–         l’accès à l’eau

–         la sauvegarde et la valorisation du patrimoine.

Cet accord a été soumis au vote de l’assemblée régionale ce vendredi 21 octobre.

Motion adoptée par le Conseil Régional sur l’OIN Plaine du Var

 

Assemblée plénière du 21 octobre 2011

Motion OIN Plaine du Var

Présentée par le Groupe

Socialiste, Radical et Républicain

Cosignée par

Europe Ecologie – Les Verts – Partit Occitan

Front de Gauche

Elu rapporteur : Patrick Allemand

Le Conseil Régional saisitla Commission Nationaledu Débat Public du grand projet d’aménagement de l’OIN « EcoVallée ».

La RégionPACAest partenaire de l’Opération d’Intérêt Nationale dela Plainedu Var dans le Département des Alpes-Maritimes, où elle siège au sein du Conseil d’Administration représentée par trois conseillers régionaux Patrick Allemand, Annabelle Jaeger et Gérard Piel.

Cette OIN dénommée « EcoVallée » est un enjeu stratégique d’aménagement du territoire crucial pour l’avenir du département des Alpes-Maritimes et son territoire. Est-il encore utile de souligner que son périmètre d’action est soumis à de nombreuses contraintes, au titre de l’urbanisme (loi littoral), de l’environnement (Natura 2000, sites et paysages), et particulièrement vulnérable aux risques d’inondation du fleuve Var ? Doit-on rappeler que de nombreux projets d’infrastructures lourdes (Port de Saint-Laurent-du-Var, future gare de Nice Saint-Augustin, Ligne 2 du tramway) et d’équipements locaux structurants (Grand stade de Nice, déplacement du Marché d’intérêt national) existent, avec des coûts et caractéristiques techniques qui devraient être soumis individuellement à débat public ?

Aucun projet de territoire, synthétique et global, n’a jusqu’à présent été présenté par l’EPA. Pourtant les opérations d’aménagement se déclinent dans la Plaine, sans approche ni vision globales, ou pour le dire avec les mots de la lettre de mission du Directeur général de l’EPA (27 sept. 2010) sans « un projet de territoire structuré et ambitieux ».

Les objectifs affichés de l’OIN Plaine du Var en termes de développement durable et d’économie responsable sont clairs et respectables:

–         Placer le développement durable au centre des modes d’intervention sur le territoire ;

–         Prendre en compte les risques d’inondations comme un élément structurant dans la stratégie d’aménagement ;

–         Accompagner l’évolution et la diversification de l’économie vers les éco-industries ;

–         Préserver les espaces naturels et revaloriser les rives du Var.

Cependant, nous ne pouvons cautionner la méthode opaque et unilatérale qui prévaut depuis le démarrage du projet.

Sur la forme, nous avons de grandes interrogations sur la dimension de « partage » du projet. Pour preuve, la démarche de collaboration et de co-élaboration ne s’est développée qu’autour de deux réunions des maires concernés, négligeant toute implication de la population et lui confisquant tout pouvoir participatif.

L’EPA a accepté une concertation publique qui s’est tenue du 26 au 29 septembre derniers dont l’objet était de « définir un projet de territoire ».

Les élus régionaux ont dénoncé un regroupement d’impostures entourant cette concertation publique « à caractère privé » puisqu’elle était organisée sur invitation, avec des documents de travail non partagés en amont et bâclée puisqu’elle s’est tenue sur un temps extrêmement court : une semaine, alors que nous parlons de la construction d’un projet qui vise à structurer un territoire sur 30 ans.

La population a été négligée, aucune réunion d’information territoriale n’a été tenue. Nous estimons aujourd’hui que les modalités et la durée de cette concertation sont insuffisantes au regard des enjeux de ce grand projet présentant des visions à 30 ans.

Le Conseil Régional, en tant que partenaire de l’opération attache une grande importance à la démocratie participative qu’elle utilise comme méthode de gouvernance depuis 1998. Notre institution porte une autre vision du débat public tourné vers la coopération, la transparence et une véritable démocratie participative, engagements qu’elle tient notamment à travers ses états généraux de la démocratie et sa charte à venir.

Compte tenu de l’ampleur (10 000 hectares) et des enjeux du projet de territoire que constitue l’Opération d’Intérêt National de la Plainedu Var, dans le département des Alpes-Maritimes.

Considérant qu’il y a un déficit manifeste d’information dans la concertation publique conduite et organisée par l’ E.P.A. dela Plainedu Var, le Conseil Régional souhaite quela CommissionNationaledu Débat Public soit saisie de ce dossier afin que la grande concertation indispensable pour définir les orientations stratégiques de cette opération nationale puisse être organisée. Elle pourra ainsi faire l’objet de réunions thématiques, territoriales, et également de dépôt de cahiers d’acteurs. Cette commission sera neutre et présidée par une personnalité incontestable et indépendante.

Le Conseil Régional mandate son président pour saisirla CommissionNationaledu Débat Public du grand projet d’aménagement de l’OIN « EcoVallée ».