Blanche Gardin a refusé d’être décorée des arts et des lettres

 

Elle a expliqué sa décision prise en rapport à la situation des SDF dans notre pays et par rapport à un propos bien imprudent de notre président pendant la campagne électorale concernant la mise à l’abri de tous les SDF. Nous en sommes bien loin !

Sa lettre est précise et son stylo tranchant comme une lame. En voici l’extrait essentiel.

Vous avez baissé durement les APL qui aident les plus pauvres à se loger, écrit Blanche Gardin à l’adresse d’Emmanuel Macron, vous avez réduit les budgets des centres d’hébergement d’insertion pour les sans domicile, vous avez coupé une part importante des moyens dédiés à la construction de logements sociaux, coupé drastiquement dans les emplois aidés, supprimé l’ISF, ce qui a eu, entre autres conséquences, de faire chuter les dons aux associations qui luttent en faveur des plus démunis. Vous n’avez pris aucune mesure ambitieuse qui permettrait d’encadrer les loyers dans toutes les villes ou le coût du logement étouffe le budget des plus fragiles.

Madame Gardin, nous sommes nombreux aujourd’hui à saluer votre démarche.

Les Liserons : les factures d’eau qui font déborder le vase

 

Paul Cuturello, Christine Dorejo et moi-même, avons été sollicités par des habitants du quartier dès le mois de décembre dernier, quand les riverains ont reçu leurs régularisations de charges locatives. Les provisions pour charges payées tout au long de l’année étant déjà bien importantes, aussi, ils ne pensaient pas être redevables de nouvelles sommes. Pour certains, les charges mensuelles peuvent atteindre plus de 300 euros, ce qui est considérable quand on connaît l’état de ce quartier.

Alors, nous avons demandé à plusieurs locataires de nous fournir leurs régularisations de charges de 2017 et 2018 et nous les avons comparées. Et, nous avons constaté que c’était l’eau (froide et chaude) qui était au cœur du problème d’explosion des charges.

Nous nous sommes ensuite rendus sur place et nous avons échangé avec les locataires qui ont tous affirmé faire un usage raisonnable de l’eau.

Pour les habitants, l’augmentation des consommations d’eau ne peut pas leur être imputée pour les raisons suivantes :

– De nombreuses fuites ont été déclarées suite à l’absence d’entretien des immeubles et à la vétusté des canalisations générales très anciennes.

– Des plombiers qui sont intervenus pour le compte de leurs clients ont affirmé que la tuyauterie était trop ancienne et devait être entièrement refaite.

– Les seules fortes variations de charges observées concernent les consommations d’eau froide individuelle et d’eau chaude collective. C’est ce qui nous a amené à conclure que le problème se situait à ce niveau.

Sur les six situations observées, les augmentations sont de 18%, 88%, 96%, 210%, 262% et 328% pour l’eau froide et 4%, 19%, 69%, 70%, 116% et 213% pour l’eau chaude.

– De nombreuses coupures d’eau pour recherche de fuites sont intervenues tout au long de l’année, ce qui, de façon générale, aurait dû mécaniquement diminuer la consommation générale de l’eau.

– Les garages ont été à plusieurs reprises inondés à cause de fuites d’eau dans les parties communes.

– Plusieurs appartements situés en rez-de-chaussée ont été murés et il est impossible de savoir si ces derniers aussi ont des fuites.

– Les tuyauteries qui ont cédé ont été régulièrement signalées à Côte d’Azur Habitat. Pourtant, l’intervention de ce dernier a souvent tardé, provoquant des gaspillages d’eau que les locataires refusent désormais de payer.

Le dernier exemple en date est celui du 4 mars dernier quand la tuyauterie d’eau chaude du 4 impasse des Liserons a cédé, entraînant des écoulements importants le long de la façade de l’immeuble et des inondations dans les appartements et les garages.

De nombreux signalements à Côte d’Azur Habitat

L’office HLM Côte d’Azur Habitat a régulièrement été interpelé sur cette situation par :

– Un courrier que j’ai adressé au Président de Côte d’Azur Habitat daté du 20 février 2019, correspondance à laquelle je n’ai reçu aucune réponse à ce jour.

– Des appels et courriers de locataires.

– Une pétition de locataires qui circule encore actuellement.

– La presse locale qui s’est emparée de ce sujet à de nombreuses reprises.

Malgré cela, les locataires, y compris ceux qui ont demandé à ce que les sommes correspondantes à la régularisation soient suspendues, ont quand même été prélevés des montants contestés.

Tout ceci contribue à renforcer le sentiment d’abandon ressenti par les habitants de ce quartier.

En notre qualité d’élus, nous ne pouvons accepter que cette situation perdure.

Quand le maire de Nice déclare « vouloir remettre la République au cœur des quartiers », nous souhaitons d’abord qu’il commence par demander au principal office HLM de la ville de rendre des comptes aux locataires de tous les quartiers dont il a la charge, y compris celui des Liserons.

Présenter des projets de rénovation c’est bien, mais l’urgence, c’est d’abord de s’occuper des difficultés quotidiennes. En attendant la restructuration, il n’est pas normal de laisser sans entretien, ni investissement tout ce qui concerne l’accès à l’eau.

En conclusion

Nous demandons une révision du montant des charges des locataires. En aucun cas, ces derniers ne doivent supporter le coût des gaspillages en eau dont ils ne sont pas responsables et qui sont consécutifs à des négligences imputables à Côte d’Azur Habitat et à son service d’astreinte.

La ville de Nice ne peut pas déclarer vouloir renforcer le vivre ensemble et favoriser, dans les faits, des crispations de plus en plus fortes dans les quartiers.

Le rapport du mal logement dénonce la surpopulation !

MalLogement

La 23ème édition du rapport annuel sur L’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre livre une nouvelle description de la crise du logement. Si le marché de l’immobilier affiche une bonne santé générale, 4 millions de personnes restent mal logées ou privées de domicile, tandis que 12 millions voient leur situation fragilisée par la crise du logement.

Au total, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement.
Au-delà de cette dure photographie, la dynamique ne prête pas à l’optimisme. La qualité moyenne des logements continue de s’améliorer, mais la hausse des prix creuse les inégalités résidentielles et bouche l’horizon des ménages des couches populaires. Comme si des centaines de milliers de personnes, en plus d’être mal-logées aujourd’hui, se voyaient assignées à le rester toute leur vie.

Ce rapport met l’accent sur une des formes de mal-logement les plus difficiles à vivre : le surpeuplement. Ce n’est pas une surprise pour les élus qui font du terrain , du porte à porte notamment dans les logements sociaux. Il n’est pas rare de voir deux génération cohabiter quand ce n’est pas trois. En déclin sensible pendant des décennies, le surpeuplement connaît une recrudescence inquiétante au cours des dernières années.

8,6 millions de personnes touchées par le surpeuplement en 2013, dont 934 000 en surpeuplement « accentué »

A Nice ce phénomène de surpeuplement est accentué par la spéculation immobilière et la pénurie de logements sociaux qui entrainent des hausses de loyers trop importantes. Un ou une étudiant(e) qui n’arrive pas à décohabiter à cause de la difficulté d’accès à un premier emploi. Un enfant qui perd son emploi et revient vivre chez ses parents, et qui revient parfois avec un ou une compagne, des enfants. Une personne agée dont le minimum vieillesse ne suffit plus ou qui vient aider une sœur, un fils pour mettre en commun des allocations, des ressources et vivre un peu mieux. le retour au domicile familial d’une fille avec enfant après une séparation. Tous ces cas je les connais et c’est très souvent mal vécu. ce que confirment l’enquête logement de l’INSEE

Ce retour du surpeuplement est une tendance d’autant plus inquiétante que cette forme de mal-logement est vécue très douloureusement par les ménages concernés, comme le montre l’enquête Logement de l’Insee : 66 % des ménages subissant une situation de surpeuplement accentué souhaitent changer de logement, alors que ce n’est le cas que de 27 % des ménages en moyenne, de 39 % des ménages « fragilisés par rapport au logement » et de 48 % des « mal-logés ».

22ème rapport sur l’état du mal-logement en France 2017 !

Fondation Abbe Pierre

La 22ème édition du rapport annuel sur l’état du mal-logement de la Fondation Abbé Pierre dessine le portrait d’une France fracturée par la crise du logement. 4 millions de personnes sont sans abri, mal logées ou sans logement personnel.
Outre ces situations les plus graves, 12,1 millions de personnes sont touchées à des degrés divers par la crise du logement. Effort financier excessif, précarité énergétique, risque d’expulsion locative, copropriétés en difficulté, surpeuplement… au total, sans les doubles comptes, près de 15 millions de personnes sont touchées, à un titre ou à un autre, par la crise du logement.

À bien des égards, pour les pauvres, les classes populaires et moyennes, la situation tend à s’aggraver, en particulier depuis la hausse des prix de l’immobilier des années 2000 et le déclenchement de la crise économique en 2008.

Le nombre de personnes sans domicile a augmenté de 50 % entre 2001 et 2012. Celui des personnes en hébergement contraint chez des tiers de 19 % entre 2002 et 2013. Les personnes en surpeuplement accentué sont de plus en plus nombreuses, alors que la tendance depuis des décennies était plutôt à la baisse : + 17 % entre 2006 et 2013 pour le surpeuplement accentué et + 6 % pour le surpeuplement modéré.

Face à ces réalités inquiétantes, quelle a été l’action gouvernementale au cours du quinquennat écoulé ? Alors que François Hollande s’était engagé en 2012 à mettre en œuvre le Contrat social proposé par la Fondation Abbé Pierre, les politiques menées laissent un sentiment d’inachèvement.
Bien des chantiers ont été ouverts, bien des actions ont été entreprises, mais ils se sont souvent heurtés à des renoncements politiques en chemin et à une austérité budgétaire qui empêche d’apporter une réponse à la hauteur de la gravité de la situation.

Les locataires continuent de payer leur loyer, puisque le nombre d’impayés semble stable. Mais à quel prix… Les Français sont 44 % de plus qu’en 2006 à se priver de chauffage à cause de son coût. 42 % de plus à subir un effort financier excessif pour payer son logement.
Résultat, le nombre de personnes modestes ayant eu froid à leur domicile pour des raisons liées à la précarité s’est accru de 25 % entre 2006 et 2013. Le nombre d’expulsions locatives avec le concours de la force publique a atteint son record en 2015, avec 14 363 expulsions, un chiffre en hausse de 33 % par rapport à 2006.

Un quinquennat en demi-teinte pour les mal-logés
Si la situation ne semble pas meilleure qu’il y a cinq ans pour les mal-logés, des graines ont indéniablement été semées et des avancées obtenues, en matière de loyers, d’orientation des attributions Hlm, de gouvernance, de précarité énergétique…
Mais elles ne suffiront pas face à l’ampleur du mal-logement, faute de priorité budgétaire accordée à ce sujet, de cap politique clair et stable et d’un partage des compétences suffisamment lisible et responsabilisant sur le terrain.

Mobilisation citoyenne
En cette année électorale, ce tableau alarmant appelle une mobilisation de la classe politique mais aussi, dix ans après la mort de l’abbé Pierre, de la société tout entière.
Ce rapport met en avant les initiatives qui marchent, en France ou à l’étranger. Et il appelle à en tirer les leçons, à les généraliser, à sortir de la simple expérimentation pour changer le braquet de la politique du logement.