La surenchère anti-sociale de Thierry Mariani

Souvenez-vous, il y a 16 mois, Thierry Mariani menait la liste régionale UMP contre Michel Vauzelle.

C’est en tant que leader ou porte-parole de  la « droite populaire » qu’il s’est exprimé dans le J.D.D. M. Mariani a insisté sur la nécessité d’un « fichage généralisé » des allocataires sociaux pour lutter contre la fraude sociale.

Cette lutte contre la fraude répond évidemment  autant à une exigence de justice qu’à une volonté de crédibilité de nos politiques sociales. Les Conseils généraux, notamment, et tous leurs élus locaux socialistes sont d’une extrême vigilance sur ce sujet. Il faut souligner également que c’est un député du même parti et de la même région que M. Mariani, qui, dans un rapport, a rappelé que le montant cumulé des fraudes aux prestations sociales est de 4 à 5 fois inférieur à celui des fraudes aux prélèvements sociaux. Quant à la fraude fiscale, chacun sait bien qu’elle est d’une toute autre dimension ! Ce rapporteur est le député UMP des Bouches du Rhône, M. Dominique Tian.

Après Laurent Wauquiez qui avait dénoncé le « cancer du RSA » en stigmatisant les allocataires et en exigeant,  en contrepartie à son versement, un temps de travail obligatoire, Thierry Mariani reprend la même thématique. Cette  proposition qui dénonce, stigmatise et entretient le soupçon vis-à-vis des plus faibles, relève d’un populisme  de bas étage.  Il ne s’agirait, ni plus ni moins que d’un fichage des pauvres.

C’est pourquoi, il me paraît essentiel de lutter contre cette proposition malgré les conséquences politiques qui peuvent en découler. La droite ne manquera certes pas d’agiter à nouveau le spectre du laxisme social de la gauche. Mais il s’agit là d’une question de principe qui m’apparaît fondamentale.

A la veille de l’élection présidentielle, ce qui se profile derrière cette initiative prise par l’aile droite de l’UMP est le repositionnement du débat sur des sujets clivants. On va délibérément dresser les Français les uns contre les autres. Les uns, les plus faibles, seront désignés comme des profiteurs et seront opposés aux autres, victimisés dans leur rôle supposé de payeurs. Dans une période où la question de la fiscalité et surtout de l’indispensable rôle de redistribution de l’État, sera l’un des axes central du débat national, Mariani occupe ce terrain en assimilant les plus fragiles à des fraudeurs.

Il nous revient donc, en tant que citoyens de gauche, d’être particulièrement vigilants là-dessus.

Meeting d’Estrosi contre marine Le Pen : les dessous de cette initiative.

L’Université d’été du Front National va se tenir à Nice les 10 et 11 septembre prochains.

Christian Estrosi vient d’annoncer à grand renfort de communication qu’il va organiser le 11 septembre une grande réunion de l’UMP face à Marine Le Pen. Il a d’ores et déjà invité Xavier Bertrand et d’autres « poids lourds » de l’UMP.

Comment interpréter cette initiative ?

Tout d’abord, Estrosi n’exclut pas, dans son analyse, un 21 avril à l’envers. Sérieusement, je ne vois pas comment un socialiste pourraient être absent du second tour. Par contre, et compte tenu des marges d’erreurs de 2 à 3 points, la fourchette basse de Sarkozy, même s’il se redresse, flirte dangereusement avec la fourchette haute de Marine Le Pen. Cela, Estrosi le sait.

Ensuite, le Maire de Nice n’a pas renoncé à un plan de carrière … parisien : il veut donc apparaitre comme l’un des fers de lance de Sarkozy contre le F.N. Il crie, à qui veut l’entendre, qu’il est le patron de la deuxième fédération UMP de France et veut « montrer ses muscles ».Cependant, force est de remarquer que l’objectif affiché de 3000 participants reste modeste : cela ne représente même pas la moitié du nombre officiel de militants UMP dans ce département. Il veut montrer ses muscles mais reste dans une posture « petits bras » !

Toute cette stratégie, cette gesticulation pour certains, ont vocation à le repositionner au sein même de son mouvement : semaine après semaine, il apparait comme le chef de file de l’opposition à Jean François Copé.

Enfin, il ne faut pas  mésestimer les enjeux locaux. Les élections législatives se profilent. Si nous arrivons à gagner l’élection présidentielle, sa stratégie ne fonctionnera pas mais pour l’instant, celle-ci est claire : il veut bipolariser le débat entre lui et l’extrême droite sous toute ses formes – F.N.  et Identitaires – pour essayer d’étouffer une gauche qui demeure son véritable adversaire et qu’il redoute.

En conclusion, à moins que la presse ne déclenche une véritable bulle médiatique sur cette affaire, ce meeting apparaitra comme une réponse faible, partielle et certainement pas à la hauteur des enjeux actuels. L’échec de la majorité actuelle sur la sécurité – il se confirme chaque jour prenant connaissance des différents faits divers – sera au moment de la présidentielle, la question sociétale majeure (mis à part, évidemment, les questions sociales et économiques). La majorité actuelle, n’en déplaise à Estrosi, a échoué dans ce domaine pourtant capital pour le bien-être de chacun au sein de la Cité. Si la gauche ne parvient pas à être crédible sur cet enjeu, alors les solutions démagogiques du F.N. ont un boulevard devant elles.

Et ce ne sera pas une salle d’affidés, réunis (ou convoqués …) à Nice, qui pourra y changer quoique ce soit.

L’incroyable dérapage d’un élu UMP collois

C’est avec stupéfaction que, de mon lieu de vacances, j’ai appris l’incroyable dérapage de l’élu UMP de La Colle, Gilbert Garelli.
Tout le monde a pu prendre connaissance des faits en lisant « Nice-Matin ». « Le Nouvel Obs », de son côté, consacre un grand article à cette affaire.

De quoi s’agit-il ? Lundi dernier, premier jour du ramadan, l’élu envoie à des militants de l’UMP de son secteur une convocation. But de cette réunion :  étudier le programme du PS. La rédaction vise à imiter l’accent maghrébin. Voici un extrait qui donne une idée précise de ce courriel : « […] Ji vous propose étudier le programme di PS, ji vous propose aussi un voyage di pèlerinage pour li 15 août à la mosquée di Strasbourg […]. »

Cette incroyable affaire donne lieu également à une escarmouche entre Lionnel Luca et Christian Estrosi, chacun se renvoyant publiquement la balle quand à la responsabilité de l’un et de l’autre. Lionnel Luca estime qu’Estrosi « veut lui refiler le bébé » alors qu’il n’est pas le délégué de la circonscription. Il précise également qu’il s’agit d’un proche d’Estrosi auquel échoit donc cette responsabilité.

En tout cas, les deux condamnent ces propos et cette initiative douteuse – Luca plus vigoureusement qu’Estrosi, d’ailleurs.

J’ai moi-même fait réagir la Fédération par l’intermédiaire de notre porte parole Xavier Garcia. J’ai eu, également, plusieurs radios au téléphone. Les propos de cet individu sont inadmissibles et indignes d’un élu de la république. J’attends de l’UMP des sanctions claires car il s’agit, sous couvert d’un humour pernicieux, de propos clairement racistes, voire xénophobes.

C’est une bonne chose que l’UMP envisage des sanctions disciplinaires à l’encontre de cet élu qui, sans cette affaire, ne serait jamais sorti de l’anonymat. Mais ce dérapage, replacé dans un contexte global, n’est pas étonnant. Si Gilbert Garelli s’est cru autorisé à faire cela, c’est que l’exemple vient d’en haut.

Le bon Lionnel Luca lui-même, ne déclarait-il pas l’an passé en pleine polémique sur les Roms : « les expulsions de Roms sont parfaitement normales, ce qui est étonnant, c’est de s’arrêter à eux ». N’est-ce pas Claude Guéant lui-même qui disait : « les Français, à force d’immigration incontrôlée, ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ».

Quand l’exemple vient d’en haut, il n’y a pas à s’étonner que des élus locaux dérapent ainsi !

La règle d’or


S’il y a une règle d’or que s’applique Nicolas Sarkozy, c’est d’être capable de tout oser.
Après quelques semaines d’accalmie, de travail sur son image présidentielle  (il serait temps), ne vient-il pas d’écrire à l’ensemble des parlementaires pour les inviter à voter la soi-disant règle d’or ?
Le recours à cette procédure inhabituelle, contraire au principe constitutionnel de la séparation des pouvoirs, révèle deux objectifs : sa volonté de faire de cet enjeu une question prioritaire de la future campagne présidentielle et, en même temps, réaliser une opération de pure communication qu’il espère efficace.
Il est quand même fort de café que, reprenant une idée de François Bayrou de la dernière élection présidentielle, il ose une telle stratégie ! En effet, et selon la cour des comptes, sur les 150 milliards d’euros de déficit de l’année dernière, 50 milliards sont imputables à la crise et 100 milliards à la seule politique du gouvernement.
Cette majorité a systématiquement contribué à creuser les déficits et continue à le faire en baissant les recettes de l’ISF au bénéfice des plus aisés des français et ceci, même si elle a dit se résoudre à supprimer le bouclier fiscal.
Bien entendu, il ne faut pas que les socialistes, qui ont toujours eu une vision dynamique de la dépense publique, votent cette règle d’or.
C’est d’une vraie réforme fiscale dont la France a besoin, qui soit juste, efficace et centrée sur l’investissement et l’emploi. Faire du déficit pour créer la croissance du lendemain n’est pas un problème en soi.
Il ne faut surtout pas se priver de cette possibilité.

La cour des comptes sceptique sur la vidéosurveillance

Il est bien dommage que les deux derniers conseils municipaux, les 11 et 22 juillet derniers, n’aient eu à l’ordre du jour aucune délibération sur la vidéosurveillance.

Tout le monde connaît, depuis le départ de ce mandat, notre opposition à la politique du maire en matière de vidéosurveillance. Elle est efficace dans la résolution des délits, mais pas dans la prévention des délits. Elle peut être un complément à une politique de sécurité mais en aucun cas son fer de lance pour compenser la présence humaine.

Une visite très complète du centre de vidéosurveillance a conforté ma position. J’y ai passé plus d’une heure, j’ai visionné plusieurs interventions et je le  confirme : ceux qui nient son efficacité pour arrêter les délinquants ont une position idéologique. Mais, précisément pour avoir visionné plusieurs délits, parmi lesquels des atteintes aux personnes parfois très violentes (le tabassage d’une jeune femme par exemple, avenue Malausséna), je vous l’affirme clairement : il n’y a aucun effet dissuasif car le délinquant pense toujours être plus malin que la caméra.

La Cour des comptes vient dans un récent rapport de donner son sentiment sur la vidéosurveillance. Le diagnostic est sans complaisance.

Si Claude Guéant a réagi aussi violemment, en dénonçant un certain nombre d’inexactitudes, d’oublis et d’appréciations supposés manquer d’objectivité, c’est qu’il a compris que la légitimité de la cour des comptes dans l’opinion publique était un danger.
Or ce rapport entérine en fait des constats que des professionnels et des chercheurs font depuis des années. En plus, ceux-ci sont fondés sur des données fournies par les services de police et de gendarmerie.

Le développement de la vidéosurveillance a un coût évalué à 300 millions d’euros pour l’État et autant pour les collectivités. La cour s’étonne, compte tenu des sommes engagées, du faible intérêt des collectivités pour l’évaluation. Seulement 30% des collectivités concernées par le dispositif financé par le Fonds Interministériel de Prévention de la Délinquance initient une démarche d’évaluation. 70% d’entre elles ne font rien !

Parmi les exemples cités, Nice et ses 624 caméras (1 pour 500 habitants) où il n’y a pas d’évaluation.

La cour indique ce que j’affirme depuis le début,  » la vidéosurveillance peut être efficace pour repérer les délits violents (atteinte aux personnes) mais ne peut pas prévenir la commission des délits ».
Enfin la Cour des Comptes évoque des installations ayant fait de la part des préfets, l’objet d’autorisations tout a fait contestables, en infraction avec le code général des collectivités territoriales et à l’article 10 de la loi du 21 janvier 1995, lequel était pourtant … une loi Pasqua !