Aicha Chibane : la culture à Nice vient de perdre une de ses plus belles âmes.

 

C’est avec beaucoup de tristesse que j’ai appris hier la disparition d’Aïcha Chibane.

Je la connaissais depuis 15 ans. Clairement engagée à gauche dans cette ville, nos routes ne s’étaient plus jamais séparées. Aicha, c’était la discrétion et la fidélité

Aïcha faisait partie de ces artistes un peu bohème plus attachés à la création qu’à l’argent. Elle vivait chichement dans son appartement atelier de Bon Voyage au milieu de ses pinceaux et de ses toiles. Là s’accumulait, son art, ses périodes, sa vie, sa création extravagante comme sa période sur ses animaux humains ou la dernière qui date de l’an passé et qui était encore en cours sur les baigneuses, très fluide, fondamentalement différentes de toutes les précédentes.

Elle créait sans s’ occuper de vendre. Elle aurait dû exposer bientôt mais le destin ne lui en n’a pas laissé le temps. Peut être est ce finalement mieux ainsi.

Aïcha Chibane ne faisait pas que peindre. C’était aussi une poétesse, une slameuse lisant ses propres textes. Elle était capable de nous émerveiller en lisant parfois des textes très personnels dont l’impudeur tranchait avec sa discrétion. Elle ne lisait pas les textes des autres, elle les interprétait, allant parfois jusqu’à les habiter.

Aïcha, c’était aussi un sourire et un regard. Elle était encore à mes vœux le 19 janvier dernier. Ces temps-ci elle s’était entièrement investie dans les gilets jaunes, son dernier combat. Toutes mes pensées vont aujourd’hui vers sa sœur et sa nièce Lamyaa Chibane.

Pour la gratuité du carnaval de Nice pour les Niçois !

 

Les Niçois sont sincèrement attachés à leur carnaval. Un carnaval populaire, festif, ouvert à tous, que l’on soit habitant des quartiers est, nord, ouest ou de centre. Famille, amis, voisins, tous se retrouvaient, déguisés, maquillés, pour faire la fête ensemble. Les chars des quartiers se mêlaient à ceux du carnaval officiel.

Le seul pré-requis, venir simplement avec sa bonne humeur pour faire la fête. Partager carnaval est un facteur de cohésion sociale.

Malheureusement, aujourd’hui, les Niçois désertent de plus en plus le carnaval qui n’est plus leur carnaval mais le carnaval des touristes.

Cette coupure est un véritable danger pour le carnaval lui-même qui doit pourtant conserver ses racines, faute de quoi, il deviendra un produit de plus en plus superficiel.

C’est pourquoi, il est primordial que les Niçois se le réapproprient et que ceux, qui venus du monde entier pour habiter à Nice, le découvrent dans son authenticité.

Tout habitant de Nice, sur présentation du justificatif de domicile, peut bénéficier d’une carte Pass Musée donnant l’accès gratuit à tous les musées municipaux.

Le carnaval étant un apport culturel indéniable pour Nice, cette pétition demande que la présentation de la carte Pass Musée, au moment du contrôle, puisse donner à son possesseur l’accès gratuit aux promenoirs du Carnaval de Nice. C’est un système très simple à mettre en place.

Je signe donc pour que la carte Pass Musée donne l’accès gratuit aux promenoirs du carnaval de Nice et je vous invite à faire de même afin que l’argent ne soit pas un obstacle à cette fête qui fait la fierté de Nice.

Partagez massivement.

Rencontre avec Jonathan Jaquier à la Recyclerie des Moulins

 

L’image contient peut-être : 4 personnes, dont Patrick Allemand, personnes souriantes, personnes debout

Prévue de longue date cette visite s’est déroulée ce matin. L’occasion d’évoquer tous les aspects de l’activité de la « Recyclerie »

Jonathan est le coordonnateur, le suivre dans la recyclerie est un plaisir parce que c’est un passionné qui veille sur ses équipes

Il a 8 emplois en insertion sous sa responsabilité sans compter les chefs d équipe.

La recyclerie c’ est environ une tonne d’ encombrants ramassés par semaines dans le quartier des Moulins grâce à une convention avec Côte d’azur Habitat.

Après l’équipe de collecte vient le travail de l’équipe de valorisation qui va restaurer les objets, les repeint, les customise comme ce pneu transformé en pouf que vous verrez en photo.

Ensuite il y a l’équipe qui s’occupe de l’accueil vente (elle est avec moi sur la première photo avec Jonathan).

Puis, autonome, l’équipe de jardin partagé que j’ai rencontré en pleine répartition du compost sur les surfaces cultivées. Plus de 50 familles du quartier sont inscrites à l’activité compost.

J’ai échangé longuement avec ces acteurs du vrai développement durable qui portent un vrai projet tourné vers l’humain.

Sans-abri et grand froid : Je persiste et signe !

Sans-abri

Entendons nous bien sur ce que j’évoque dans ce post.

Il ne s’agit pas de critiquer le travail fait au quotidien par le CCAS de la ville de Nice qui gère des centres d’hébergement.

Il ne s’agit pas non plus de méconnaitre tout ce qui s’organise autour des restos du cœur et de la banque alimentaire où plusieurs dizaines d’associations niçoises se servent chaque semaine pour fournir des repas aux SDF de notre ville.

Il ne s’agit pas non plus de négliger le travail habituel des associations qui effectuent des maraudes dans différents quartiers de la ville.

Il ne s’agit pas non plus de s’en prendre au personnel d’accueil affecté à ces centres, qu’il s’agisse de personnels communaux ou de réservistes. Bien au contraire, ils ont fait un travail admirable d’accueil, avec les moyens dont ils disposaient mais il y avait chez eux beaucoup d’humanité.

Il s’agit d’évoquer une situation extrême de grand froid nécessitant sur une courte période de quatre jours la mobilisation de moyens exceptionnels.

Et là, le compte n’y est pas.

Ces situations extrêmes de grand froid révèlent la fragilité des humains.

Et ce qui s’est passé doit être utile pour l’avenir. L’équipe qui accueille en hébergement d’urgence doit renforcer sa pluridisciplinarité doit comporter une infirmière avec une pharmacie d’urgence capable de soigner des « bobos », d’apporter une réponse médicale sur site ou d’orienter certains SDF vers l’hôpital.

Ce sont ces mêmes situations qui révèlent les carences des politiques publiques contre l’exclusion.

  • Ne rien avoir prévu à manger, ou quasiment rien dans les centres d’hébergement est une faute. Peu importe qu’il y ait tant de repas servis à la rue Badat, ou à l’accueil de jour, il fallait prévoir à l’accueil des centres d’urgence. Et quand je lis qu’un responsable de la réserve communale de la sécurité civile se félicite qu’un restaurant ait amené de la soupe ou que carrefour TNL a fait des dons alimentaires, je le comprends en tant qu’homme confronté à la situation et ayant besoin d’une réponse. Mais il est anormal de laisser des « sans-abri » dépendre d’une solidarité privée toujours aléatoire alors que cette vague de froid était prévue depuis cinq jours.
  • Avoir prévu dans un premier temps 55 lits d’hébergement d’urgence : 40 lits au gymnase Fuon Cauda pour les familles avec enfants et 15 lits à la salle pour les hommes, est une seconde faute. Les capacités se sont révélées assez rapidement insuffisantes, et ce, même s’il y a eu un gros déficit d’information sur la mise en place de ce dispositif. L’intervention de Nice au Cœur dès le dimanche soir alertant certaines associations coupées de l’information, a permis de concerner plusieurs dizaines de sans-abri. Il y avait hier soir 93 personnes à Fuon Cauda pour une capacité initiale de 40 lits. A la salle jules Michel, on est monté à 22 lits pour une capacité initiale de 15. C’est à Jules Michel, dimanche soir, que j’ai vu les « sans-abri » se contenter d’un bol de soupe lyophilisé, sans même un morceau de pain, trempés, pouvant prendre une douche mais avec un substitut de serviette de toilette avec lequel il était impossible de se sécher.

Avoir délibérément excentré l’accueil d’urgence des hommes au fond d’une impasse, la rue Jules Michel, mal éclairée et habituellement concédée aux dealers, est une autre faute. Et pourquoi avoir prévu seulement 15 lits de plus pour les hommes alors qu’ils représentent 85 % des « sans abri ». Résultat, une fois connu, le centre a été débordé et a renvoyé vers Fuon Cauda plusieurs hommes. Malgré cela, il n’a pas été possible de faire face à la demande.

Et maintenant ?

Je pense qu’il faut laisser cet accueil en place pendant au moins deux jours afin de ne pas remettre à la rue tout le monde tout de suite. En effet, les organismes ont été fragilisé par ce froid intense. Nous avons eu la satisfaction de ne déplorer aucun décès mais il faut tenir compte de cette fragilité.

Et enfin, c’est censé n’arriver que tous les trente ans, donc normalement les équipes en place, majorité actuelle comme opposition , ne devraient plus avoir à faire face à une situation pareille

L’éducation populaire et les MJC doivent être défendues !

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01Hier soir c’était la fin des 50 ans de la MJC d’ Agora Nice Est à la Black Box. Un repas partagé où nous étions une cinquantaine. Je suis allé trois fois à ce cinquantenaire. Cen’est pas parce sue je n’avais rien à faire. C’était pour bien montrer l’importance que j’y attache.

Lors du vernissage, j’ai pu retrouver d’anciens administrateurs, Jean Louis Lebon, l’ancien président et Joël Richard, l’ancien directeur. L’ occasion pour moi de prendre la parole à la demande de la nouvelle présidente Amel Baccouche, l’occasion pour moi de rappeler ma relation avec Agora Nice Est qui remonte au temps de leurs anciens locaux mais aussi les joies que j’ai éprouvées lorsque j’ai vu des jeunes joueurs d’échecs formés à Bon Voyage devenir champions départementaux, voire régionaux, les sections handball, boxe thaï, la danse, l’école de musique, l’éducation populaire en général.

J’y suis revenu pour le concert de Nasredine et du Mago de Casteu avec un Christian Bezet au mieux de sa forme. Ce soir là, il a vraiment soufflé sur la grande salle, l’esprit MJC parce qu il n’y a eu que des chansons engagées sur les migrants, les manifestations sur des thèmes de société, se divertir en donnant un sens aux choses et aux mots.

Hier, c’était le moment de convivialité avec de repas partagé, l’occasion aussi d’évoquer l’avenir. J’ai reparlé de ces réussites autour desquelles on ne communique pas assez. Les quartiers, c’est un peu comme les trains, on ne parle que de ceux qui arrivent en retard. 1200 adhérents, c’est tout de même quelque chose !

Cette MJC, c’est un lieu de rencontre, un lieu de brassage. 42 nationalités dans le quartier, cela donne du sens à cette fameuse formule du  » vivre ensemble ». Parce que se réunir ensemble, jeunes, tout en étant différents, c’est prévenir les peurs. Or la tentation du repli sur soi existe, les animateurs en parlent. C’est parfois difficile avec certaines familles mais c’est maintenant que la République, à tous ces échelons doit être présente, encore plus présente.

La MJC c’est une université d’éducation populaire, c’est une république des jeunes, c’est une scène culturelle de proximité, c’est enfin un espace social. Il en reste en France un peu moins de 200. Elles ne sont pas des vestiges du passé. Au contraire, elles.seront essentielles pour reconstruire l’avenir.